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        JOUER JUSTE EN LITURGIE
 
         « La musique sacrée sera d’autant plus sainte
qu’elle sera en connexion plus étroite avec l’action liturgique. »
                                                                      (Vatican II, Constitution sur la liturgie)
 
 
L’organiste liturgique a pour seule raison d’être de favoriser la prière des fidèles, en accompagnant les différents acteurs de la célébration : président, chantre, chorale, assemblée, et en jouant seul à certains moments.
Il est donc essentiel qu’il connaisse les enjeux des différents rites qui s’enchaînent dans l’action liturgique.
 
En visant à former des organistes liturgiques, l’Orgue de Cœur ne peut négliger cette dimension, et tend à améliorer les compétences des stagiaires non seulement en musique, mais aussi en liturgie.
 
De nombreux livres, revues, sessions liturgiques permettent d’approfondir « l’intelligence de la liturgie » (titre d’un ouvrage de Paul De Clerck) , notamment par le chant et la musique. Cependant, très rares sont les lieux et les documents où est abordée la tâche spécifique de l’organiste.
 
C’est pourquoi ces quelques pages se donnent pour objectif d’apporter des éléments dans ce sens, en précisant des enjeux, en donnant des pistes pour le choix des chants, et surtout en réfléchissant à la manière dont l’organiste peut, quel que soit son niveau, entrer dans la dynamique de la célébration pour y entraîner le mieux possible l’assemblée.
 
Le fil rouge qui nous guidera cette année sera le déroulement de la messe :
 
  1. entrée en célébration
  2. rite pénitentiel / gloria
  3. liturgie de la Parole
  4. après l’homélie, credo, prière universelle
  5. présentation des dons
  6. prière eucharistique
  7. communion / action de grâce
  8. envoi (en vacances !)
 
 Première partie : la dynamique de la célébration eucharistique
 
Chapitre I : L’entrée en célébration
 
 1. L’enjeu
 
« Les cinq premières minutes »…
Elles sont très importantes pour ‘entrer dans autre chose’.
 
On a quitté sa maison, ses occupations (son lit),
pour célébrer, avec d’autres, à l’initiative du Christ, le jour du Seigneur.
Cette rencontre est à vivre corporellement, pas seulement avec sa tête, mais avec tout son corps : la musique y a donc sa place.
 
L’entrée en célébration est un sas : on passe
                  du dehors vers le dedans
                  d’une parole d’homme à la Parole de Dieu
                  de l’individu à la communauté.
Et ceci dans une double dynamique :
                  centripète : faire corps, être bien ensemble
                  de décentrage : devenir corps du Christ
                                       écouter sa Parole
                                       prendre part au repas.
 
La Constitution sur la liturgie assigne trois fonctions au chant et à la musique d’entrée :
1° constituer le corps du Christ par une démarche corporelle (écoute et
     vocalisation) accomplie ensemble, avec nos différences ;
2° introduire dans le mystère du jour, créer un état d’esprit pour que tous
    soient prêts à célébrer ;
3° accompagner la procession d’entrée.
 
 2) Le chant  
Remarques générales
 
Si ce n’est pas l’organiste qui choisit les chants, il doit avoir son mot à dire, en concertation avec le président, le chantre, le chef de chorale, au sein d’une équipe liturgique. Si celle-ci n’existe pas, il faut la susciter !
 
Le chant est fait de texte ET de musique.
Il faut donc s’assurer d’une cohérence entre les deux composantes.
Outre la prosodie (la musique respecte l’accentuation des mots), le style musical doit correspondre au texte (on ne chante pas un Gloria comme une berceuse ou un Agnus Dei comme un rock).
Le texte, par une dimension poétique, crée une tension vers un au-delà.
La musique se méfie du cocooning : une « musique qui plaît » n’est pas nécessairement une bonne musique, de qualité, qui remplisse sa fonction liturgique.
 
Le chant doit répondre à deux exigences : correspondre au rite, et tenir compte de l’assemblée (sensibilité et moyens).
 
 
Le chant d’entrée assure les trois fonctions définies par la Constitution.
1° pour pouvoir constituer l’assemblée et lui permettre une action communautaire, il
    est connu, ou facilement repris après le chantre ou la chorale.
    Mais tout le monde ne chante pas tout : le dialogue entre soliste, chorale,
    assemblée est aussi une mise en œuvre communautaire.
    La forme couplet / refrain est la plus courante, mais il ne faut pas négliger le
    choral ou le tropaire.
2° le dimanche est toujours la célébration de la Résurrection ; le chant ne doit pas
    nécessairement évoquer les lectures du jour. Les chants portant la cote « A » sont
    une invitation à entrer dans l’action liturgique (p.ex.’Dieu nous accueille en sa
    maison’)
    Mais le chant peut donner la ‘couleur’ de certains temps liturgiques, et il peut être
    intéressant d’en faire un « chant-phare » , pour le temps de l’Avent (cote E), de
    Noël (cote F), du Carême (cote G), du temps pascal (cotes I,J,K)…
3° la procession d’entrée est généralement assez courte, voire inexistante.
    Or le chant doit avoir une certaine durée pour qu’on ait le temps d’y entrer ( 2 ou
    3 couplets, 3 strophes d’un choral semblent un minimum).
    C’est intenable si, arrivé à l’autel, le prêtre attend avec plus ou moins de patience
    que l’on en ait fini. Mais s’il prend part au chant, avant peut-être de passer
    derrière l’autel, cela dit tout autre chose !
 
Plusieurs publications (Signes Musique, Magnificat, Feu Nouveau, Voix Nouvelles, Missel de l’assemblée …) font des propositions de chants pour chaque dimanche.
Voir aussi le site www.chantonseneglise.fr, entre autres.
 
 3)L’organiste  
Son rôle est de mettre en œuvre un espace de sensibilité qui favorise la prière.
Il n’est évidemment pas là pour donner un concert et faire valoir ses talents : ceux-ci doivent toujours être mis au service de l’action liturgique.
 
Quelques minutes avant la messe, il est intéressant que l’orgue se fasse entendre, pour que l’on ‘sente’ en entrant que l’on passe ‘de l’extérieur à l’intérieur’.
Selon les compétences de chacun, cela pourrait être :
  • une petite pièce de répertoire, dans l’esprit du temps liturgique, et la tonalité et le style du chant d’entrée ;
  • le chant d’entrée lui-même, avec une harmonisation de plus en plus fournie (très utile si le chant est peu ou pas encore connu) ;
  • une improvisation libre, qui s’achève sur la tonalité du chant ;
  • une improvisation sur le chant d’entrée…
Le volume sonore va crescendo.
Cette entrée en matière fait entrer en musique, et débouche sur l’acte communautaire de chant.
 
Au moment de l’arrivée du prêtre et du début éventuel de la procession, l’organiste introduit le chant, de manière très claire, pour que le chantre ou le chef de chorale enchaîne naturellement (s’il n’a pas compris que l’introduction est déjà le chant, il faudra le lui expliquer !)
L’organiste soutient les chanteurs, mais ne les écrase pas.
Un soliste, une chorale petite ou fournie, une assemblée nombreuse ou clairsemée
demandent autant de niveaux sonores différents.
Trop timide, l’accompagnement n’est plus entendu, et le ton risque de baisser.
Trop fort, il couvre les voix solistes ou la chorale, ou assourdit l’assemblée et lui ôte l’envie de chanter.
Pour s’ajuster, il est bon de faire appel à un observateur dans l’église.
 
La fin du chant est nette : si le chantre n’a plus entonné de couplet, l’organiste termine la phrase et improvise une cadence…comme si c’était fait exprès ! Surtout pas d’arrêt brutal au milieu d’une phrase, évidemment .
 
 
 Sources et bibliographie
 
(Collectif), Vers la célébration, CRER, Angers, 1995
 
CNPL, L’art de célébrer, tome 2, Guides Célébrer, Cerf, 2003
 
CNPL, Célébrer par le chant et la musique, revue Célébrer, n°260 mai 1996
 
WACKENHEIM,M., Guide pour chanter la messe, Guides de Signes d’aujourd’hui, Bayard
 
BARRAS, P., Pour un art de célébrer, Formation des animateurs liturgiques, CNPL, 1999
 
NASLIN, G., L’eucharistie, un rendez-vous, in Signes d’aujourd’hui n°148
 
ROBERT,P., Comment rendre plus vivantes nos messes paroissiales, Atelier liturgique à Floreffe, 2001
 
ROBERT,P., Animer et faire vivre la messe du dimanche, Atelier liturgique à Floreffe, 2004
 
ROBERT,P.,  L’abécédaire du chant liturgique, éd. Saint-Augustin, 2001
 
DE CLERCK, P., L’intelligence de la liturgie, Cerf, 1995
 
GELINEAU,J., Les chants de la messe, Cerf, 2001
 
PILOPPI,H., L’organiste, in Signes musiques n°41, 1997
 
MARCUS, E., L’organiste, acteur de la liturgie, in Signes musiques n°45, 1998
 
BREDA, D., Faites vos jeux, in Signes musiques n°48, 1998
 
UBERALL,E., L’ouverture de la célébration, in Signes musiques n°62, 2001
 
 
Voir aussi la bibliographie sur le site htpp://orgue-de-cœur.wifeo.com
 
 
Chapitre II : Le rite pénitentiel et le Gloria
 
  1. L’enjeu
 
Pour entrer dans la célébration, nous nous reconnaissons pauvres, pécheurs, humbles, et nous nous tournons vers Dieu avec la certitude de son amour et de son pardon. Ainsi, nous pouvons exprimer notre louange dans le Gloria.
 
  1. Le rite pénitentiel : Kyrie eleison
 
« C’est un chant par lequel les fidèles acclament le Seigneur et implorent sa miséricorde. » (Présentation Générale du Missel Romain, 30)
 
Le Kyrie est donc d’abord une acclamation, et pas un examen de conscience : en disant ‘Seigneur Jésus, élevé dans la gloire…’ nous nous reconnaissons indignes, mais aussi sauvés et pardonnés.
         « T’approcher, Seigneur, je n’en suis pas digne,
            Mais que ta Parole conduise mes pas, et je serai guéri. »
 
Nous nous adressons au ‘Seigneur’ (Kyrie) en lui demandant ‘fais-nous grâce’ (eleison). Plusieurs auteurs suggèrent de se tourner vers la croix, prêtre compris.
Les invocations s’adressent à Jésus, Christ et Seigneur ; le Kyrie n’est pas trinitaire.
 
Les quatre formules proposées par le Missel ont chacune leur couleur propre.
  • « Je confesse à Dieu », suivi du Kyrie
  • « Seigneur, accorde-nous ton pardon… » , suivi du Kyrie.
  • Invocations et Kyrie, sous forme litanique.
  • Aspersion, spécialement au temps pascal, qui rappelle que nous sommes déjà justifiés par le baptême.
 
  1. Le Gloria
 
« Le Gloria in excelsis est une hymne …par laquelle l’Eglise rassemblée dans l’Esprit Saint, glorifie Dieu le Père et l’Agneau, et supplie celui-ci. » (PGMR 31)
 
‘Une hymne’, destinée à être chantée, de caractère festif (elle est supprimée durant les périodes plus sobres de l’Avent et du Carême) , clairement structurée :
  • Dieu est le Tout-Autre, qui nous aime, comme l’ont chanté les anges à Noël.
  • Le Père est digne de louange et d’adoration
  • Son Fils, l’Agneau, nous écoute et nous fait miséricorde
  • Nous acclamons la Trinité.
 
La louange adressée au Dieu trinitaire est la suite cohérente du Kyrie.
 
Le rite d’entrée se clôture par l’oraison, qui ‘collecte’ les prières des fidèles.
 
Mise consciemment en présence de Dieu, l’assemblée est prête à écouter sa Parole.
 
  1. Les chants
 
Ces chants font partie de « l’ordinaire » : il est donc logique et souhaitable de les maintenir pendant plusieurs dimanches, et pour marquer aussi l’unité d’un temps liturgique (Avent, temps de Noël, Carême, temps pascal).
Pour souligner la cohérence entre les deux rites, il serait bon de veiller à une unité de style entre les deux chants ; le choix d’un même compositeur est un moyen, mais pas le seul.
 
1) Rite pénitentiel
 
Il est fort souhaitable de varier les formules : le choix est vaste.
 
- Le Kyrie seul pourrait permettre de retrouver parfois le grégorien, en reprenant par exemple la version propre à un temps liturgique.
 
- La deuxième forme (trop) rarement utilisée, a été mise en musique notamment par M.Wackenheim (AL 46-02).
 
- La forme litanique peut comporter d’autres formules d’invocation que celles utilisées le plus couramment, et pas nécessairement limitées à 3, si le Kyrie est bref, en veillant à s’adresser au Christ et non à faire notre examen de conscience.
Il existe des versions spécifiques pour l’Avent (P.Robert A 32-28), pour le Carême (Vincent AL 192). Certaines invocations amènent un kyrie grégorien (MNA 169).
Ces suggestions ne sont pas limitatives !
 
- L’aspersion est à privilégier durant le temps pascal, avec un chant spécifique (J’ai vu l’eau vive I 132-1, Peuple de baptisés K 106 …)
 
  1. Gloria
 
Une hymne est faite pour être chantée : il est donc essentiel que l’assemblée puisse se joindre au chant, par une version bien connue de la majorité (attention aux assemblées occasionnelles !).
Le chant est le rite : on chante et on ne fait rien d’autre.
 
La difficulté d’apprendre à une assemblée la forme hymnique, sans refrain, est contournée par certaines versions, où les fidèles reprennent une mélodie semblable ou très proche de celle chantée par la chorale : Isabelle Fontaine, AL 40-85-22, Philippe Robert, AL 32-31, Daniel, AL 23-09, Pasquier AL 29 …
 
La forme du cantique couplets/refrain, plus facile pour la participation de tous, risque de rester dans la même forme que le chant d’entrée et le Kyrie (monotonie), et coupe l’élan du texte poétique continu.
Il faut en tout cas que les couplets respectent la structure du texte (cf plus haut), et son esprit, s’il s’agit d’une paraphrase (par ex. J-M.Aubry, A 19-65). A ce sujet, les avis des auteurs divergent à propos du ‘Gloire à Dieu, paix aux hommes’ (AL 179,
F 156).
 
* Noter au passage que le chant de J.Berthier ‘Au plus haut du ciel’, parfois programmé comme gloria, correspond au psaume 8, mais n’est pas un gloria – pas plus que ‘Les anges dans nos campagnes’ !
 
 
3. L’organiste
 
1) Kyrie
 
Rappel des remarques faites au chapitre 1 : le volume sonore varie en fonction de l’acteur (des acteurs) du chant et de l’importance de l’assemblée.
 
L’orgue donnera aussi la couleur propre à la formule choisie, et le temps liturgique. L’aspersion au temps pascal sera plus festive que le rite pénitentiel de carême.
 
Si les invocations de la troisième formule sont parlées et non chantées, l’orgue pourrait soutenir en sourdine, pour passer en souplesse de la parole à la musique.
 
   2) Gloria
 
Si c’est le prêtre qui entonne, il est bon de lui donner clairement la phrase, surtout s’il n’est pas musicien, et s’il préside plusieurs célébrations avec des répertoires différents.
 
Alors que les formes hymniques sont généralement entonnées par le prêtre ou la chorale, les formes à refrain commencent le plus souvent de façon brillante, et sont chantées idéalement par l’assemblée dès la première fois : l’introduction se doit donc d’être ‘glorieuse’, pour susciter un chant joyeux qui exprime la louange.
 
On a vu que l’hymne comportait différentes parties. Celle qui s’adresse au Christ est une supplication, entre deux parties exprimant la louange. Un accompagnement plus léger peut aider les acteurs du chant à percevoir cette différence en adaptant leur volume sonore. Ainsi la conclusion, trinitaire, ressortira de manière plus éclatante.
 
Les glorias grégoriens sont plus ‘intérieurs’. Pour qu’ils n’en deviennent pas mornes pour autant, l’organiste pourra faire ‘chanter’ la mélodie, tout en souplesse.
 
 
 Chapitre III : Liturgie de la Parole  (1)
 
  1. L’enjeu
 
« C’est à la table du Seigneur que nous recevons notre nourriture, le Pain de Vie, mais c’est à la table des lectures dominicales que nous sommes nourris de la doctrine du Seigneur. » (Saint Hilaire)
 
La liturgie de la Parole commence avec la première lecture (ou la procession du livre) et s’achève avec l’oraison de conclusion de la prière universelle.
 
La Constitution sur la Liturgie de Vatican II a remis l’accent sur l’importance de la Parole, en proposant trois lectures et un psaume pour le dimanche, et en créant un cycle de trois ans qui permet d’explorer plus largement la Bible.
 
Il s’agit bien de la ‘parole de Dieu’ : elle ne peut donc pas être remplacée par d’autres textes, si beaux soient-ils. Ceux-ci doivent trouver place à un autre moment de la célébration.
 
         1) La procession du Livre
 
Non prévue par le Missel Romain, elle permet de mettre en valeur la Parole de Dieu. Elle n’a évidemment son sens que si c’est réellement une procession.
 
2) La première lecture
 
Extraite de l’Ancien Testament, des Actes des Apôtres (temps pascal) ou de l’Apocalypse (Assomption, Toussaint…), elle nous place dans l’histoire du salut, de son origine à son achèvement. Elle est généralement en concordance avec l’Evangile.
 
         3) Le psaume
 
Il est la réponse de l’assemblée à la première lecture.
Faisant partie de la liturgie de la Parole, il ne peut être remplacé par un autre chant.  
 
  1. La deuxième lecture
 
Extraite des épîtres, elle est l’enseignement des premiers témoins du Christ ressuscité aux nouvelles communautés.
 
  1. L’Evangile
 
Sommet de cette partie de la liturgie, c’est le Christ lui-même, le Verbe, qui est présent dans sa Parole : c’est pourquoi on l’acclame par l’alleluia et on l’écoute debout.
 
 
 
2. Les chants
 
  1. La procession du livre
 
Si l’on veut mettre particulièrement en évidence le livre de la Parole ( un beau livre !), il est porté en procession depuis le fond de l’église.
Chants possibles : Gloire au Christ, Parole éternelle, A 7, Ta parole est la lumière,    U 11-19, Voici le livre entre les livres, U 40-01…
 
  1. Le psaume
 
Le psaume est un chant, par nature : il est donc vraiment préférable de le chanter, au moins l’antienne par l’assemblée, puisque c’est sa réponse à la première lecture.
 
Le choix est très vaste, et les formes variées. L’alternance antienne/versets (lus ou chantés, par un soliste ou la chorale) est la plus courante, mais pas la seule.
 
Il existe des formes de chorals pour certains psaumes paraphrasés (Le Seigneur est mon berger, de Hameline, Chante le Seigneur, mon âme Ps.102, de Lécot), des textes continus (Tu es avec moi, ps.22, de Villeneuve), des ‘réclames’ ou refrains internes (Lave-moi, ps.50, d’Akepsimas ZL 11-34, les psaumes ponctués d’alleluia, CNA 101).
Des recueils de tous les psaumes dominicaux ont été composés notamment par Jean Van de Cauter et par Xavier Deprez. Voir aussi les Chants Notés de l’Assemblée.
Si l’assemblée possède le texte, elle peut le chanter en entier, en alternant deux groupes (gauche et droite, par exemple), ou en alternance avec le chantre ou la chorale ; on chanterait alors l’antienne au début et à la fin.
 
Quelle que soit la forme, c’est LE TEXTE qui doit primer sur la musique.
 
  1. L’alleluia, acclamation à l’Evangile
 
Une ‘acclamation’, donc à chanter par priorité !
Le prêtre ou le diacre présente l’évangéliaire pendant que l’on acclame la Parole de Dieu. Le verset, celui du missel ou un texte correspondant à l’évangile du jour, est chanté de préférence, par le chantre ou la chorale (et non par le prêtre).
 
Les versions d’alleluia sont innombrables : le verset peut facilement être psalmodié dans le ton de l’acclamation.
 
Jacques Berthier a composé un recueil d’ « acclamations à l’Evangile », avec versets pour tous les dimanches .
 
Après la lecture de l’Evangile, on répond à l’invitation « Acclamons la Parole de Dieu » par « Louange à toi, Seigneur Jésus ! » : Le Christ EST la Parole. La reprise de l’alleluia n’est pas souhaitable à ce moment-là.
 
 
 
  1. L’organiste
 
Après l’oraison de conclusion du rite d’entrée, s’il n’y a pas de procession du livre, et en laissant un petit temps ‘pour respirer’, l’organiste pourrait jouer une brève improvisation,  ou une partie de chant, pour signifier que l’on entre dans un autre moment de la célébration.
 
  1. Le psaume
 
Ici, comme à beaucoup d’autres moments, il est important de laisser une place au SILENCE, sans ‘foncer’ sur le chant dès la fin de la lecture. Le psaume est une réponse : il faut donc laisser le temps d’intégrer ce qu’on vient d’entendre, pour savoir à quoi on répond.
 
Il est bon de jouer entièrement l’antienne avant le chant, afin que l’assemblée entende déjà la mélodie qu’elle aura à chanter.
 
Si les versets sont lus, l’orgue accompagne en sourdine, pour rester dans une perception musicale entre les chants de l’antienne.
 
  1. L’acclamation à l’Evangile
 
Après la fin de la deuxième lecture, l’orgue laisse le temps au prêtre ou au diacre d’arriver à l’ambon (et de présenter l’évangéliaire à l’acclamation).
 
Comme pour l’antienne du psaume, la mélodie est jouée en entier avant le chant.
 
Une ‘acclamation’ suppose une autre couleur sonore qu’un kyrie, tout en tenant compte du temps liturgique.
L’alleluia est remplacé par un autre chant durant le carême, mais c’est toujours une acclamation !
Au temps pascal, l’alleluia sera particulièrement brillant, et un postlude est le bienvenu. L’acclamation s’adresse au Verbe, donc au Christ ressuscité.
 
Noter que l’alleluia grégorien, de caractère différent, n’est pas à laisser aux oubliettes, et l’orgue peut lui donner autant de ‘lumière’ *. Mais il ne semble guère s’accorder à un accompagnement de djembe !
 
 ° Je pense à une improvisation de Firmin Decerf sur l’alleluia pascal (CD ALVOS, FD-2309 AS), qui m’a toujours émerveillée, où la mélodie de l’alleluia ‘émerge’ au quart de l’improvisation, et progresse vers une finale ‘triomphante’.  
 
 
 Chapitre IV : Liturgie de la Parole (2)
 
  1. L’enjeu
 
  1. L’homélie
 
Les textes du jour ont été lus sous leur forme liturgique officielle : celle-ci n’est pas toujours très facile à recevoir, et chacun aura été sensible seulement à l’une ou l’autre phrase qui a éveillé en lui une résonnance… ou pas du tout !
Il appartient donc au prêtre d’expliciter par l’homélie ce qui pouvait ne pas être très clair, et surtout d’ouvrir des fenêtres sur ce que ces textes peuvent signifier dans notre vie quotidienne.
 
  1. La profession de foi
 
Le credo manifeste l’union de l’assemblée à toute l’Eglise.
C’est pourquoi il est important de reprendre les textes communs à tous les catholiques dans le monde (s’il est en latin) ou à tous les fidèles francophones.
Trois formes sont possibles : - le rite baptismal (questions et réponses)
???????????????le symbole des apôtres, qui énonce l’essentiel
                                            - la formule du concile de Nicée, plus théologique
 
 
  1. La prière universelle
 
    Nourrie des lectures, ayant proclamé sa foi, l’assemblée élargit sa prière au
    monde. Elle ne prie donc pas pour elle-même, mais pour tous les hommes.
    Le missel recommande quatre orientations : - l’Eglise
 - les responsables dans le monde
                                                              - ceux qui souffrent 
                                                               - la communauté locale.
   
     On ne prie pas pour des idées, mais pour des personnes : pour qui la Parole que
     nous avons entendue nous invite-t-elle à prier ?
     Ainsi, il est souhaitable que les intentions soient rédigées dans l’esprit des
     lectures, en reprenant éventuellement l’un ou l’autre passage, ou idée.
   
     Notons que la « prière » n’est pas dans les intentions, mais dans ce qui les suit
     (refrain, silence, musique …). On supplie Dieu d’exaucer les demandes que
     nous avons formulées pour les personnes.
     Ainsi par exemple, « Ubi caritas… » n’est pas un refrain convenant pour la prière
     universelle…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  1. Les chants
 
  1. Le chant après la parole
 
Il n’est pas prévu par le missel, mais bien des paroisses choisissent, judicieusement, de le programmer.
Il prend place soit après l’évangile, soit après l’homélie, et peut parfois s’intercaler dans l’homélie.
Son rôle est de renforcer ce qui a été entendu dans les lectures, et il n’a de sens que s’il est en lien étroit avec celles-ci. Il ne faut donc pas le ‘placer’ à tout prix, ou par routine.
Le répertoire – de la catéchèse notamment – propose des chants en lien surtout avec des passages d’évangile.
Des tropaires ont été composés en référence aux lectures de nombreux dimanches (cf CD maîtrise de la cathédrale d’Angers).
     La difficulté réside sans doute dans le caractère très ciblé de ces chants, ce qui   
     les destine souvent à un usage unique tous les trois ans.
 
  1. Le credo
 
Si l’on souhaite qu’il soit chanté, il doit exprimer l’unité de l’assemblée dans la proclamation de la foi de l’Eglise, et l’affirmation des vérités auxquelles on adhère.
Il est donc nécessaire qu’elle puisse chanter : soit le texte complet, s’il est bien connu (c’est la difficulté), soit un refrain entre les différentes parties du texte récité ou chanté, ou avant et après la récitation. Exemples : A 180, sur un choral de Bach, les refrains du L 79 (« Je crois, Seigneur, tu es source de vie »), le credo ‘de Lourdes’ . Rares sont sans doute les assemblées qui maîtrisent un credo chanté en français. Les credo grégoriens (I et III) sont une bonne ressource, si l’on est susceptible de comprendre ce que l’on chante !
 
  1. La prière universelle
 
Pour ne pas tomber dans la routine, il est bon de varier les formes, et de ne pas toujours chanter un refrain. Celui-ci doit bien exprimer la supplication (sauf exception, si les intentions expriment l’action de grâce), et être cohérent par rapport au texte, en s’adressant à la même personne (Père, Fils ou Esprit).
Qu’il soit bref, à moins d’être chanté seulement au début et à la fin.
 
La prière universelle peut prendre aussi la forme litanique chantée, avec des intentions brèves cantillées et des invocations très courtes.
 
Enfin, le silence entre chaque intention, avec ou sans fond musical, peut être très porteur.
 
  1. L’organiste
 
  1. Le chant après la Parole
 
Comme on l’a vu, il peut être le bienvenu, même si le missel ne le prévoit pas.
 
Mais l’organiste peut aussi faire une brève improvisation, de caractère méditatif, pour laisser le temps d’intégrer ce qui a été développé dans l’homélie.
 
  1. Le credo
 
Il s’agit bien d’une proclamation convaincue, et non d’une morne récitation routinière.
S’il est chanté, que l’accompagnement ne soit pas confidentiel, mais traduise avec fermeté ce que le chant doit signifier.
 
Si la récitation est ponctuée par un refrain, l’orgue pourrait donner en sourdine un fond sonore à la récitation ; ainsi, on ne passe pas brutalement du texte parlé au chant.
 
  1. La prière universelle
 
La même remarque peut être faite pour des intentions lues suivies d’une invocation chantée. Dans ce cas, veiller à ne pas couvrir la voix du lecteur !
 
Comme pour le psaume ou l’alleluia, il est souhaitable que l’organiste introduise en jouant entièrement la phrase-refrain pour que l’assemblée sache déjà ce qu’elle aura à chanter.
 
Sans refrain chanté, l’organiste peut soutenir le silence par une brève improvisation (15 à 30 secondes). L’idéal serait alors que la musique reflète l’idée exprimée dans l’intention…
 
Dans le cas d’une forme litanique, il faut évidemment ajuster la puissance sonore en fonction des acteurs du chant : chantre ou chorale / assemblée.
 
 
 Chapitre V : La présentation des dons
 
  1. L’enjeu
 
« Jésus prit du pain »
« Dans la préparation des dons, on apporte à l’autel le pain et le vin avec l’eau, c’est-à-dire les éléments que le Christ a pris dans ses mains » (PGMR).
La liturgie eucharistique reproduit, par les mains du prêtre, les paroles et les gestes du Seigneur lors du dernier repas.
 
La Constitution de Vatican II a préféré au terme d’ ‘offertoire’ celui de ‘présentation’ ou ‘préparation’, car il ne s’agit pas encore d’ ‘offrir’. On apporte le pain et le vin, on met la table.
Lorsqu’on est invité chez des amis, on apporte un gâteau, une bouteille de vin ou des fleurs, mais l’essentiel est à venir, dans ce que l’on va vivre et partager ensemble, et si on « offre » un cadeau d’anniversaire, cela se fera après…
 
Ce moment est donc ‘comme un prélude qui met l’assemblée en route spirituellement vers le sommet de la messe’. Les fidèles participent à cette préparation, au moins symboliquement, et de préférence dans une démarche de procession. Cette participation souligne que nous espérons « prendre part à la divinité de celui qui a pris notre humanité », comme l’eau se mêle au vin.
Nous apportons nos dons humains, qui nous seront rendus comme Corps et Sang du Christ.
 
Si l’encensement est pratiqué, il signifie que nos offrandes ‘montent comme un encens’, et que, comme baptisés, nous participons à une action sacerdotale.
 
 2) Les chants
 
 Si l’on chante – ce qui n’est pas une priorité -, seuls les chants qui expriment le sens de la démarche ont leur place à ce moment.
Il ne s’agit donc pas d’y mettre n’importe quel chant ‘pour meubler ou faire joli’
(par exemple, le rappel de l’Evangile du jour, une hymne à Marie, une évocation du Pain consacré…).
 
- Présentation des dons qui nous viennent de Dieu lui-même :
         Tout vient de toi C 66 / CNA 234, Voici les pas B 37-29-2
        
- Préparation de la table :
         Préparons la table B 21-85 / CNA 232, Qui donc a mis la table C 121
        
- Procession des offrandes :
         Approchons-nous de la table B 19-30, Voici les pas  B 37-29-2
         Allez vers le Seigneur Ps.99, Venez, crions de joie, Ps.95
         Je cherche une table offerte USC 298
 
- Entrée dans la liturgie eucharistique
         Unis au chœur des chérubins B 31-46 ,
Toi seul es saint, toi seul es Seigneur C 54 bis / CNA 233
    Qu’un peuple heureux bénisse ton nom (C.Saint-Saens)
    Quand je viens vers toi  G 41
    Tout est prêt, venez aux noces D 34-73-1
    Prenons la main T 42-2
 
Autant que possible, la durée du chant correspondra à celle du rite.
Il est donc important de savoir comment il sera mis en œuvre (voir point 3), de choisir le chant en fonction de cela, et d’adapter le nombre de couplets.
L’organiste « fera l’appoint ».
 
3) L’organiste
 
S’il n’y a pas de chant, un jeu d’orgue peut accompagner la procession, ou préparer à entrer dans la liturgie eucharistique.
 
Le caractère de la pièce jouée s’adaptera à l’une ou l’autre de ces fonctions.
 
Il faut en tout cas que sa durée coïncide le plus possible avec la durée du rite.
Il est donc souhaitable de connaître la manière dont celui-ci est mis en œuvre :
 
  • Y a-t-il une procession ? Quelle en est la longueur, dans l’espace et la durée ? Quel en est le caractère de solennité ? Apporte-t-on seulement le pain et le vin, ou également les fleurs, les cierges, le missel…? Les enfants apportent-ils ce qu’ils ont réalisé à la sacristie ?...
     °  Le prêtre est-il rapide ou lent ?  
  • Y a-t-il un encensement prévu ?
 En fonction de cette durée, l’organiste devrait pouvoir, soit improviser ou reprendre une partie pour allonger son intervention, soit prévoir les endroits où il pourrait arrêter une pièce, en improvisant éventuellement une cadence, si l’action se termine avant qu’il n’ait terminé le morceau.
Surtout, il n’arrêtera jamais brusquement au milieu d’une phrase !
 
Si le chant qu’il accompagne est trop court, l’organiste prolonge la musique jusqu’à la fin de l’action.
 
Lorsqu’il y a un chant ou de la musique, le prêtre dit à voix basse les paroles de l’offertoire (certains semblent ignorer ce point de la PGMR…), et attend sans impatience (!) que la musique soit terminée avant de dire la prière de conclusion.
 
 Chapitre VI : La prière eucharistique

  1) L’enjeu  
Avec le dialogue de la préface s’ouvre la partie centrale de la messe, louange et action de grâce (c’est le sens du mot ‘eucharistie’), « Rendons grâce au Seigneur notre Dieu, cela est juste et bon », qui se terminera par la doxologie : « Par Lui (le Christ), avec Lui et en Lui, à toi, Dieu le Père tout puissant, dans l’unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire… ».
 
Après avoir rappelé ce que Dieu a fait pour nous (préface), l’assemblée acclame sa sainteté (sanctus).
Le prêtre, au nom de l’assemblée, puisqu’il dira toujours ‘nous’, demande que nos offrandes soient sanctifiées par l’Esprit (1è épiclèse), et fait mémoire de la Cène (consécration). L’assemblée acclame alors le Christ, désormais présent sur l’autel (anamnèse, = faire mémoire).
L’Esprit est invoqué encore, cette fois pour nous sanctifier et nous transformer en un seul Corps (2è épiclèse).
A cause du sacrifice du Christ dont il a fait mémoire, et en union avec les saints, le prêtre peut prier le Père pour toute l’Eglise : le Pape, les évêques, les prêtres et les responsables, les défunts, et l’assemblée entière (‘souviens-toi…’).
Enfin, c’est par le Christ, avec Lui et en Lui, et dans l’Esprit, qu’est chantée la louange au Père (doxologie).
 
Une analyse détaillée de la prière eucharistique a été faite par Paul De Clerck dans son livre « L’Intelligence de la liturgie », (pp.175-190)
 
 2)Les chants  

Si l’on ne chante que deux chants durant toute la messe, ce seront le Gloria et le Sanctus !
 
Le Sanctus est par excellence un chant pour l’assemblée : « avec les anges et les saints, nous chantons d’une seule voix :… ».
Chant d’acclamation pour la gloire de Dieu, il présente le plus souvent une forme éclatante, triomphale (encore faut-il bien le chanter avec enthousiasme !) : les exemples ne manquent pas, composés avec plus ou moins de bonheur. Il semble important de respecter le texte, tiré de la Bible (Ap 4,8 ; Ps.117, 25-26 ; Mt 21,9) ou au moins son sens.
Mais il peut aussi traduire une attitude d’adoration, émerveillée, et donc de forme plus sobre : par exemple, C 13-15, de Berthier, C 139, de Gélineau, ou les mélodies grégoriennes.
(On m’a un jour fait chanter un sanctus sur un rythme de blues : cela ne me semble pas convenir…)
 
Le chant des 2 épiclèses, à réserver peut-être à certaines occasions, met l’accent sur l’invocation à l’Esprit, en répétant – pas en remplaçant ! - la prière énoncée par le prêtre : « Que l’Esprit saint sanctifie nos offrandes … ; nous rassemble en un seul corps ». Il est donc indispensable de se mettre d’accord avec le prêtre pour connaître la prière eucharistique choisie (la 1è, traduction de la version antérieure au concile, se prête moins bien à cette intervention), et qu’il s’interrompe pour laisser la place au chant.
Quelques exemples : C 220-1, Berthier, C 18-12, pour assemblées avec enfants, de Wackenheim, C 13-16, Berthier.
On peut faciliter le chant de l’assemblée en cantillant une invitation « Invoquons l’Esprit Saint », juste après les paroles du prêtre.
 
L’anamnèse est une acclamation, qui s’adresse au Christ. Strictement parlant, les chants bien connus comme C 99 Christ est venu, C 72 Venu en notre chair, ne conviendraient donc pas, mais faut-il les rejeter, lorsque le prêtre introduit « Proclamons le mystère de la foi » ? Question de cohérence, toujours…
Outre les mises en musique des formules officielles (CL 1, CL 2-3, CL 3, C 23-10 …), introduites idéalement par le prêtre s’il le peut, plusieurs compositeurs proposent d’autres versions, qui s’adressent bien au Christ, rappellent (= ‘anamnèse’) sa mort, sa résurrection, et disent l’attente de son retour.
Citons : C 19-72 Aubry, C 403 Houssa, C 121 Duchesneau, C 246-1 Berthier, entre autres…
 
La doxologie, qui conclut la prière eucharistique et en résume le sens, mérite une mise en évidence par le chant ‘Amen’ de l’assemblée : AL 197 Lécot, C 13-18 Berthier.
 
« Il ne s’agit pas d’aligner une suite de chants, mais de faire en sorte que les actes de chant deviennent des actes de louange, d’anamnèse, d’épiclèse… »(P.Robert)
 
3) L’organiste
 
A la réflexion citée ci-dessus, P. Robert ajoute : « Sans oublier un tout petit détail, mais qui a une importance décisive : un organiste sachant varier ses registrations contribuera grandement à souligner les différents climats de prière. »
 
Si le dialogue de la préface est chanté, l’organiste s’en assurera, et adaptera la tonalité en fonction de la tessiture du prêtre.
Si celui-ci cantille la préface, l’idéal serait d’être dans le ton du sanctus qui suit (ou de moduler adroitement !).
 
Pour assurer la cohérence avec les dernières paroles de la préface, l’organiste pourrait, dès ce moment-là, introduire en sourdine le sanctus, pour que le chant soit entonné immédiatement par l’assemblée ou la chorale.
Si cela ne peut se faire ainsi, l’introduction à l’orgue doit être la plus brève possible, pour ne pas briser l’enchaînement de la préface et du Sanctus qu’elle annonce.
Selon le caractère du chant, la registration sera brillante (acclamation, louange) ou plus douce (adoration).
 
Les épiclèses demandent à être seulement soutenues (mélodie seule, ou S+B) plutôt qu’accompagnées.
Il est important de ne pas briser le mouvement du texte : comme pour le sanctus, le ton peut être donné en ‘tuilage’ avec le dernier mot de la phrase parlée.
 
Les paroles de la consécration sont parfois cantillées : l’orgue donne le ton, soutient le chant, et prolonge la musique en improvisation durant les deux élévations.
Idéalement, on est dans la tonalité de l’anamnèse qui suit.
 
L’anamnèse est introduite par le prêtre, ou le chantre ou la chorale.
L’orgue soutient l’introduction, et accompagne l’acclamation chantée par l’assemblée.
 
La doxologie, point final de la prière eucharistique, demande un accompagnement bien fourni pour l’ « amen » de l’assemblée.
 
 Chapitre VII : Les rites de communion

 1)L’enjeu  

Le ‘Notre Père’ est la prière par excellence : « Seigneur, apprends-nous à prier… »
La récitation commune de cette prière, où nous nous reconnaissons enfants de notre Père, est déjà un acte de communion. Nous y demandons ‘notre pain de ce jour’, qui est aussi le pain eucharistique.
Elle se dit ou se chante calmement, avec recueillement.
 
Le geste de paix n’est pas un bonjour ou un geste d’amitié (on l’a déjà fait à l’entrée !), mais la paix qui nous vient du Christ. J’ai entendu récemment un prêtre souligner cela : « Je vais passer dans vos rangs, donner la paix du Christ à la personne qui est au bord, et qui la transmettra alors seulement à son voisin » ; un geste semblable à celui par lequel on se transmet la flamme lors de la veillée pascale.
Un autre geste que la poignée de main ou la bise peut signifier cette différence (l’accolade, les deux mains…).
C’est cette paix qui nous vient de Dieu qui nous permet d’être en paix avec nos frères…même avec ceux qui ne nous reviennent pas !
 
La fraction du pain est malheureusement souvent accomplie en catimini, voire pendant que tout le monde se promène dans l’église pour se donner la paix !
C’est faire perdre tout son sens à ce geste très important. La signification en est double : le Corps du Christ, de l’Agneau, est rompu, brisé, pour nous, comme il l’a été sur la croix ; et c’est au même pain que nous allons tous communier. L’utilisation d’une grande hostie dont chacun reçoit un morceau met en évidence cette signification.
Dans ce sens, le partage des hosties entre plusieurs coupes fait aussi partie du geste de la fraction.
Il est bon de rappeler que les hosties conservées au tabernacle ne devraient être prises que s’il y en a trop peu qui viennent d’être consacrées ; s’il n’en manque que quelques-unes, elles peuvent être fractionnées.
 
Pour la communion les membres de l’assemblée viennent en procession ‘recevoir’ le Corps du Christ, avec joie (en souriant !) et respect, en affirmant par leur « amen » qu’ils sont conscients de ce qu’ils font, et que c’est bien leur Dieu qu’ils reçoivent.
La manière de faire du prêtre ou du ministre induit évidemment une réponse plus ou moins consciente : il n’est pas un ‘distributeur’ !
 
L’action de grâce suit naturellement le cadeau qui nous a été fait. Chacun exprime dans son cœur son merci personnel, mais aussi, puisque nous avons ‘communié’ ensemble, l’action de grâce s’exprimera éventuellement par un chant commun et ensuite par la prière de conclusion.
 
   2)Les chants  

Si le ‘Notre Père’ est chanté - ce qui n’est pas du tout impératif et ne doit pas devenir une routine – il est important que les fidèles puissent se joindre à une version bien connue, soit parce qu’elle est « universelle » (Rimsky-Korsakov), soit parce que l’assemblée participe régulièrement aux célébrations de ce lieu.
Lors de célébrations inhabituelles (funérailles, mariages, fêtes), le réciter est préférable.
Des versions proches de la cantillation (Kedrov, Gélineau DL 2-13, p.ex.) permettent de réciter en même temps que le chant si on ne le connaît pas. La doxologie ‘Car c’est à toi…’ se chante après la prière ‘Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix…’, du moins si la mélodie permet la coupure (pas dans le DL 2-13).
 
Le geste de paix et la fraction du pain sont des rites différents, comme on l’a dit plus haut. Le chant ne peut donc pas les confondre.
Si l’on veut un chant de paix, que ce soit bien celle du Christ (et pas « sera toi, sera moi, sera chacun de nous »…) ; il vaudrait mieux alors ne pas chanter ‘Agneau de Dieu’, pour ne pas multiplier les chants, et surtout éviter la confusion entre les deux rites.
Le Missel romain précise que le chant de l’’Agneau de Dieu’ accompagne la fraction du pain : il commence donc à ce moment-là seulement, et dure le temps de la fraction, en adaptant le nombre de couplets à cette durée. Seules certaines versions, par exemple en grégorien, imposent trois parties.
 
Un chant peut accompagner la procession de communion ; pour que tous puissent s’y joindre sans être préoccupés et distraits par le ‘comment faire’, il comprendra un refrain facile et bien connu. Mais on n’est pas nécessairement réceptif à un texte durant un déplacement.
 
Après un temps de silence, et si l’on n’a pas chanté pendant la procession, une hymne ou un choral permet à l’assemblée qui a ‘communié’ d’exprimer collectivement son action de grâce. Il faut donc que tous disposent des paroles pour pouvoir s’associer au chant.
 
Il faut choisir entre ces deux derniers chants : « trop de chants tue le chant », et être attentif à ce qu’ils disent.
Qui mange ma chair D 290, De la table du Seigneur D 80, En marchant vers toi
D 380, Pain donné pour notre vie D 19-75, Recevez le Corps du Christ F 520…, sont des processionnaux de communion.
Celui qui a mangé D 140, En accueillant l’amour DLH 126, En mémoire de toi C 200, Chantons à Dieu L 30-79, Peuple de Dieu, marche joyeux K 180, Peuples, criez de joie M 27, Louange de gloire I 33, Magnificat, psaumes 33, 150… expriment mieux  l’action de grâce.
Certains expriment aussi l’envoi en mission, s’il n’y a pas de chant final (cf. chapitre VIII).
 
 3) L’organiste
 
L’invitation à chanter le Notre Père est cantillée idéalement par le prêtre, à qui il faut donc donner le ton, pour qu’il corresponde au chant qui suit.
Il est utile, voire indispensable, de donner au moins les premières notes, pour que l’on sache sur quelle version démarrer : entonner Gélineau sur le ‘la’ de Rimsky-Korsakov mène à la catastrophe (expérience faite !).
 
Le geste de paix peut être accompagné par un jeu d’orgue qui préparera le chant de l’Agneau de Dieu.
L’organiste sera attentif au début de la fraction – en souhaitant que le prêtre distingue bien les deux moments ! – ainsi qu’aux indications du chantre relatives au nombre de couplets. Et s’il a entonné un couplet de trop, il joue souplement une cadence, ‘comme si c’était fait exprès’ !
 
S’il n’y a pas de chant, un jeu d’orgue accompagne la procession de communion, en s’adaptant le mieux possible à sa durée : il me semble préférable de déborder un tout petit peu plutôt que de laisser la procession s’achever dans le silence.
Comme pour la présentation des dons, il faut prévoir des coupures ou des reprises possibles dans une pièce de répertoire.
Un jeu très doux, dans la tonalité du chant d’action de grâce, soutiendrait la prière personnelle.
 
L’action de grâce, chantée idéalement par tous, demandera évidemment un jeu plus brillant.
 
 Chapitre VIII : Le rite d’envoi
 
1) L’enjeu
 
         « Ite missa est »
missa : envoi, mission, messe (dictionnaire latin/français)
 
On peut donc traduire :
                    « Allez, la messe est dite, vous pouvez partir, c’est terminé »
mais encore : « Partez, je (au nom du Christ) vous envoie en mission ».
 
Le rite d’envoi comporte :
- les annonces (éventuellement) des activités de la paroisse ou de la communauté
 
- la bénédiction : Dieu reste avec nous, comme il l’a promis au jour de l’Ascension,
                          et il nous accompagne de sa bien-veillance.
                        Une formule solennelle est prévue lors de certaines fêtes, qui met
                           en évidence le lien avec le mystère célébré ce jour.       
 
- la formule de renvoi (d’envoi) qui, comme dit plus haut, se comprend de deux
                           façons ; la formule adoptée par Vatican II, « Allez dans la paix du
                          Christ » , traduit mieux l’aspect missionnaires, la nécessité de
                          vivre dans cette paix et de la transmettre.
                        Et pour ce que nous avons vécu durant cette messe « Nous
                          rendons grâce à Dieu ».  
 
  2) Les chants
 
Si l’on a chanté l’action de grâce après la communion, il n’est peut-être pas opportun d’en rajouter, mais …
 
Un chant à Marie pourrait trouver sa place juste avant la bénédiction, mais devrait être annoncé comme tel.
 
Le ‘chant de sortie’ suscite bien des commentaires et polémiques !
Reliquat de l’ancienne liturgie, où c’était le seul chant autorisé en français à la messe solennelle, il n’a guère de sens si l’on comprend « Allez… » comme un ‘R’envoi. 
 
Mais si c’est un ‘E’nvoi, un chant peut très bien l’exprimer, si c’est effectivement …un chant d’envoi :  ‘Peuple de Dieu, marche joyeux’ K 180, ‘Pour accomplir les œuvres du Père’ K 234, ‘Allez par toute la terre’ T 20-76, ‘Allez dire à tous les hommes’
U 132-1…     
 
Toutefois, un chant assez bref peut expliciter la réponse « Nous rendons grâce à Dieu », particulièrement « Dans la paix du Christ » D 99, de Deiss.
 
Le chant est bienvenu si l’organiste ne se sent pas prêt à jouer une sortie, afin que l’assemblée ne sorte pas en silence. Et si elle peut chanter en sortant, c’est encore mieux !
 
 3) L’organiste
 
S’il y a une bénédiction solennelle, il est bon que l’organiste puisse la solenniser, en accompagnant la cantillation du prêtre, et surtout la réponse de l’assemblée.
 
Il donne le ton de la formule d’envoi, éventuellement, ce qui permet aussi de rappeler le double alleluia du temps pascal !
 
Le chant de sortie est accompagné avec assez d’enthousiasme pour donner envie de partir en mission ! Un postlude est le bienvenu pour accompagner la sortie effective des fidèles.
 
S’il n’y a pas de chant, l’organiste peut donner toute sa mesure, soit en reprenant le thème du chant d’action de grâce, ou d’un chant d’envoi, soit en jouant une pièce de répertoire judicieusement choisie.
Le moment n’est plus à la méditation, et le morceau correspond au temps liturgique ou à la fête du jour : on ne joue pas la même chose, ni avec la même registration, en Avent, en Carême, au temps pascal. Le choix est suffisamment vaste…
Cette pièce ne devrait pas être trop longue, pour laisser un temps de silence à ceux qui désirent rester dans l’église pour prolonger leur action de grâce.
 
 
En conclusion de cette première partie, une recommandation : laisser la place au silence, dont nos célébrations sont souvent trop avares.
 
         « Si le chœur n’apporte pas à l’office plus de vie spirituelle,
qu’il se taise !
       Si le chant n’est pas là pour faire prier,
que les chantres se taisent !
Si le chant n’est pas là pour apaiser mon tumulte intérieur,
que les chants s’en aillent !
       Si le chant n’a pas la valeur du silence qu’il a rompu,
qu’on me restitue le silence !
       Tout chant qui ne tend pas à promouvoir le silence est vain… »
                                           
(J.Samson, maître de chœur)
 
Et l’on peut dire la même chose de l’orgue et de l’organiste…
 
 
 
 
Deuxième partie : L’année liturgique
 
La vie humaine est marquée par le temps (qui passe !).
Ce temps n’est pas uniforme, mais rythmé : naturellement, par les jours, les mois, les années, et, selon les événements de notre vie et de l’histoire, par les anniversaires, les commémorations, les fêtes.
 
Nous ressentons le besoin de ces rappels cycliques, non seulement pour fixer des rites, pour que les jours ne soient pas tous les mêmes (le renard du Petit Prince en souligne l’importance), mais aussi pour ‘remettre au présent’ les événements du passé.
Le premier vers d’un poème de Paul Eluard, intitulé ‘Anniversaire’, nous dit : « Je fête l’essentiel, je fête ta présence ». Il s’agit bien, un jour précis, d’accorder une attention spéciale à une personne, à un couple, à un groupe (journée de la femme, fête des papas), à un problème (journée sans tabac)…
 
La vie chrétienne, et en particulier la liturgie, s’inscrit bien dans cette organisation cyclique du temps. Nous fêtons Noël chaque 25 décembre, nous sommes invités spécialement à la messe du dimanche, et autour de Pâques se greffent les grandes fêtes de l’année.
Du point de vue de l’animation (= ‘donner de l’âme’ !) musicale de la liturgie, chaque moment a sa couleur particulière, son répertoire, sa registration, que l’organiste doit pouvoir prendre en compte.
 
Si Pâques est effectivement le centre de l’année liturgique,  celle-ci reflète l’histoire du Salut, de l’Incarnation jusqu’au retour glorieux du Christ, et s’inscrit dans le rythme des saisons (du moins dans l’hémisphère nord). Les célébrations du dimanche et de toutes les fêtes ne peuvent se comprendre qu’au regard du mystère pascal.
 
Le parcours de cette année nous mènera donc de l’Avent au temps qui suit la Pentecôte, avec d’abord l’évocation de tous ceux qui nous ont précédés dans la foi, et que nos défunts avaient l’espérance de rejoindre.
 
Ainsi s’enchaîneront les chapitres :
         Chapitre 1 : La Toussaint et le jour des morts
         Chapitre 2 : L’Avent
         Chapitre 3 : Noël
         Chapitre 4 : Le temps de Noël
         Chapitre 5 : Le Carême
         Chapitre 6 : La Semaine Sainte
         Chapitre 7 : Le temps pascal
         Chapitre 8 : Le temps ordinaire.
 
 
 Chapitre 1 : La Toussaint et le jour des morts
 
  1. L’enjeu *
 Il aurait sans doute été préférable d’inscrire comme titre : ‘La fête des vivants’.
En effet, ces deux jours sont deux aspects d’une même réalité, à savoir que nous sommes destinés à vivre pour toujours près de Dieu, et que les défunts constituent avec les vivants de la terre la ‘communion des saints’. Le 1er novembre est centré sur la louange, le 2, sur l’intercession.
Le ‘temps de Toussaint’, gris, pluvieux, maussade, risque d’induire une connotation inadaptée !
 
Dès le début de leur histoire, les chrétiens ont marqué le jour d’entrée dans la vie éternelle – donc de la mort terrestre – de ceux et celles qui s’étaient montrés fidèles à l’enseignement du Christ, en particulier les martyrs. Ces saints devenus trop nombreux pour le calendrier, ont été réunis en une seule fête au IXè siècle. On y fête aussi les ‘gens illustres, gens obscurs’ qui ont rejoint anonymement les saints proclamés comme tels par l’Eglise.
La Toussaint est donc un jour de grande joie, où l’on acclame, sans les nommer, tous ceux qui sont déjà dans la maison de Dieu. C’est aussi notre fête à tous, appelés à les rejoindre si nous vivons ce que nous annonce l’évangile de ce jour :
« Heureux êtes-vous ! ».
Avec leurs charismes particuliers, à toutes les époques et partout dans le monde, ceux que nous invoquons dans les litanies des saints nous ont montré le chemin.
 
Deux siècles plus tard, l’abbaye de Cluny instaure la fête des fidèles défunts, le lendemain de la Toussaint : les deux fêtes sont donc liées.
Nous affirmons dans le credo notre foi en la ‘communion des saints’. Au-delà de la mort terrestre demeure l’amour qui nous unit à ceux qui nous sont proches, et cet amour est réciproque : nous prions pour eux, pour qu’ils puissent purifier encore leur cœur afin d’accéder à la pleine vision de Dieu ; nous leur demandons de prier pour nous, puisqu’ils sont ‘mieux placés’ à la proximité de Dieu.
Les fleurs qui illuminent particulièrement nos cimetières en ces jours doivent bien être le symbole d’une présence (au ‘présent’) du cœur, plutôt qu’un regret nostalgique devant une pierre, une urne ou une pelouse.
Bien sûr, il n’est pas question ici de mépriser le souvenir ou la peine, ni de juger ceux qui ne se rendent pas au cimetière et rejoignent leurs proches dans le secret de leur cœur !
 
 
    * Voir en particulier pour ce point le livre de Paul DE CLERCK, déjà cité :             L’intelligence de la liturgie, p.154 sq., ainsi que la revue Feu nouveau 57/6.  
 
   2) Les chants  
Les deux jours auront leur répertoire propre, encore que…
La Toussaint doit ‘déteindre’ sur le jour des morts, et non l’inverse. Il s’agira toujours de parler de résurrection et de vie éternelle.
 
Les chants de la Toussaint nous parlent des ‘bienheureux’, les ‘amis de Dieu’ ceux qui, connus ou anonymes, participent déjà à la joie éternelle.
Jacques Berthier a écrit pour cette fête la messe « Amis de Dieu » (W 13-22 / CNA 641, W 13-23, ZL 13-29, U 13-21 / CNA 700, C 13-17, D 13-19, D 13-20, W 13-24 / CNA 643).
On peut retenir particulièrement la prière pénitentielle W 13-23, sous la forme de litanies des saints : « Priez, priez le Seigneur pour nous qui sommes pécheurs ».Dans ce cas, pour ne pas surcharger les chants de la célébration, on pourrait remplacer le chant d’entrée par un jeu d’orgue. Un gloria sous forme d’hymne (la ‘vraie’ forme !) sera préféré à une forme couplets/refrain.
 
Cependant, certaines assemblées pourraient être frustrées de ne pas chanter un grand classique comme ‘Dieu, nous te louons’, W 1 / CNA 646. Il faut en tenir compte. Et s’il y a une procession d’entrée, il vaudrait sans doute mieux qu’elle soit chantée.
 
On peut suggérer aussi ‘Alleluia, joie dans ton royaume’ (acclamation), ‘Agneau de Dieu, Agneau vainqueur’ A 221 (fraction).
Nombreux sont les chants qui reprennent des béatitudes : YY 15, Heureux le peuple, M 37 / CNA 649, Heureux ceux que Dieu a choisis N 23 / CNA 648, Bienheureux le pauvre W 22-98 / CNA 536, tous les psaumes commençant par ‘heureux’.
Marie est la première parmi les saints : on peut penser à V 565 La première en chemin (dernier couplet) et aux chants de la fête de l’Assomption.
 
Les chants du 2 novembre, eux, parlent des hommes dans l’espérance de la résurrection : I 45 / CNA 588 Souviens-toi de Jésus-Christ, S 89 / CNA 733 Celui qui aime, Ps.26 Le Seigneur est ma lumière, SL 33 / CNA 740 Je crois que mon Sauveur est vivant, S (…) Seigneur, donne-lui (leur) près de toi, SL 31 / MNA 747 Venez, saints du ciel : portez-lui (leur) le secours, AL 217 Saint le Seigneur, Dieu des vivants, D 140 / CNA 321 Celui qui a mangé de ce pain…
 
Bien qu’il y ait évidemment beaucoup de points communs, ce n’est pas une messe de funérailles, expression de l’à-Dieu à une personne en particulier. L’évocation des défunts de l’année, par des photos, de petites flammes, est le signe de leur présence auprès de nous, dans la communion des saints, durant cette célébration. Et notre prière s’élargit aussi à tous les défunts ‘dont Lui seul connaît la droiture’, à tous ceux pour qui personne ne prie jamais.
 
Ne pas perdre de vue que les participants aux assemblées de ces deux jours ne seront pas tous des pratiquants réguliers, mais doivent pouvoir chanter !
  
  3) L’organiste
 
Jour de la Toussaint, jour de fête !
La couleur du jour est donc très joyeuse, toute la liturgie va nous parler des ‘bienheureux’.
 
Si l’on omet le chant d’entrée, comme suggéré plus haut, un jeu d’orgue de caractère joyeux et solennel peut très bien introduire dans l’esprit de la célébration. Le choix de la registration se fera dans ce sens.
Dans le cas d’une procession, il sera bon aussi d’être attentif au tempo pour accompagner cette démarche.
 
 
La célébration du 2 novembre est plus sobre, ce qui ne veut pas dire triste !
Il s’agit toujours de chanter l’espérance de la résurrection.
 
Une démarche des familles pour apporter une flamme, une photo, une fleur sera souvent faite avec l’énoncé du nom de chaque défunt. Il n’y aurait donc pas de chant dans ce cas, sauf peut-être un refrain entre les différents appels.
L’orgue pourrait aussi assurer ce rôle de ‘refrain’, ou jouer en douceur pendant toute la démarche.
La faire en silence donnerait une connotation sans doute trop funèbre, et ne paraît pas souhaitable.
 
 
Par un choix judicieux du répertoire et de la registration, l’organiste pourra faire sentir à la fois l’unité et la différence entre ces deux journées.
 
Chapitre 2 : L’Avent
 
  1. L’enjeu
 Si les premiers chrétiens ont d’abord célébré la résurrection du Christ, le dimanche et par la fête de Pâques, dès le IVè siècle s’est manifesté le souci de fêter le mystère de l’Incarnation.
Jésus mort et ressuscité est l’Emmanuel, Dieu avec nous, le Verbe fait chair.
L’in-carnation (= entrée dans la chair) est donc matériellement le moment où « Dieu vient chez nous, dans notre histoire, pour prendre chair et pour nous sauver ». (chant des moines de Tamié)
 
L’importance de cette fête suppose un temps de préparation : l’Avent
(= avènement, arrivée, < adventum).
Temps de joie, puisque l’on attend une naissance ;
Temps d’attente et d’impatience : « viens, ne tarde pas ! »
Temps de préparation du cœur, durant lequel on se recentre sur l’essentiel, ce qui explique la période de jeûne proposée par l’Eglise dans les siècles passés.
Les ornements liturgiques sont violets, couleur de la conversion du cœur.
 
Mais l’Avent exprime aussi le désir de l’avènement du royaume de Dieu dans notre monde d’aujourd’hui, et l’attente de l’avènement glorieux du Christ à la fin des temps.
    C’est pourquoi le calendrier liturgique, qui marque le premier dimanche de l’Avent comme le début de l’année, le fait précéder immédiatement par la fête du Christ Roi de l’univers : le cycle est complet.
 
Les quatre dimanches qui précèdent Noël ont chacun leur couleur particulière :
1er dimanche : soyez des veilleurs
2è dimanche : Jean-Baptiste nous exhorte : « Préparez les chemins »
3è dimanche : « Quittez vos robes de tristesse, Dieu vient nous sauver ».
         Dimanche de ‘Gaudete, réjouissez-vous’ : un des deux dimanches de l’année
         où les ornements peuvent être roses.
4è dimanche : celui de la future Maman, par qui l’Incarnation a été possible.
 
Le chemin vers Noël sera balisé par les bougies que l’on allume progressivement chaque dimanche, le plus souvent sur une couronne, qui est une forme ‘sans commencement ni fin’.
Et pourquoi pas la faire aussi à la maison ?
 
 
    2) Les chants  
Il est intéressant de montrer par les chants, dès le premier dimanche, que l’on entre dans une période particulière.
 
Outre les chants de l’ordinaire, qui, plus encore que durant l’année, seront communs, on pourra choisir l’un ou l’autre ‘chant phare’, particulièrement pour l’entrée.
 
La musique du temps de l’Avent, sous le signe d’une certaine sobriété (pas de gloria, mais des alleluia, sobre, mais non triste !) peut offrir l’occasion de redécouvrir le grégorien : Kyrie XVII, MNA 165 ; Sanctus XVIII, MNA 241 ; Agnus Dei XVII, MNA 291.
Philippe Robert a composé pour le Kyrie ‘Seigneur Jésus, lumière des nations’
A 32-28, qui s’inspire des mélodies grégoriennes. La première invocation accompagnerait fort bien l’allumage de la bougie. On peut retenir encore E 183 Viens renaître en nous, CNA 185a Litanie pénitentielle.
Comme il n’y a pas de gloria, le rite pénitentiel peut être un peu plus étoffé.
 
Le lectionnaire prévoit deux psaumes communs pour le temps de l’Avent : 24 et 84.
 
L’acclamation à l’Evangile serait commune aux 4 dimanches. E 135 reprend la mélodie de ‘Le monde ancien s’en est allé’, ainsi qu’une mélodie spéciale
CNA 215-10 ; Alleluia pour le temps de l’Avent U 63-87 ; Réjouis-toi, Jérusalem, de Berthier U 13-96, est assez connu.
 
Parmi les ‘Sanctus’ de caractère plus sobre : CNA 248 de Gélineau, AL 604/CNA 250, de Gouzes, C 13-15 de Berthier. Ou encore la mélodie du ‘Nun komm’.
Celle-ci sera bienvenue aussi pour l’anamnèse.
 
Il ne manque pas de chants pour la fraction ; on trouvera des couplets intéressants dans la ‘petite messe’ A 179/CNA 306, dans AL 200/CNA 304.
 
 
Le répertoire de l’Avent est repris dans les fiches E, avec les grands classiques E 20 Seigneur venez, E 68 Toi qui viens pour tout sauver, E 130 Aube nouvelle, E 9 Venez divin Messie ; également des mélodies populaires E 147 O viens Jésus, ELH 103 Vienne la rosée.
Plusieurs chants proposent des couplets reflétant la couleur de chaque dimanche : Préparez le chemin du Seigneur E 13-95/CNA 371, Fais-nous marcher à ta lumière,
E 252, Encore un peu de temps PLH 168 (convient très bien aussi pour les derniers dimanches), Humble servante V 248-1/CNA 369, Toi qui ravis le cœur de Dieu
VLH 136/CNA 372.
 
 
    3)L’organiste  

L’Avent est une période sobre, mais pas triste. Elle est marquée par l’espérance et l’attente joyeuse.
Mais ce n’est pas encore Noël, l’enfant n’est pas encore né !
Ce n’est pas encore le moment de faire entendre les flûtes de bergers ou les trompettes des anges.
 
L’ampleur de la registration pourrait suivre le cheminement des dimanches, comme les bougies de la couronne de l’Avent s’illuminent progressivement.
Ainsi, un ordinaire commun et un chant-phare changeraient de couleur de dimanche en dimanche.
 
Le répertoire de l’Avent est vaste, soit à jouer tel quel, soit comme base d’improvisation.
 
Le grégorien nous offre : Rorate coeli, Creator alme siderum, Alma Redemptoris mater. Voir notamment les petites pièces de Marcel DUPRE sur ces deux thèmes.
L’incontournable choral ‘Nun komm, der Heiden Heiland’ existe sous de multiples formes et variations, accessibles à tous les niveaux.
Le choral ‘Wachet auf, ruft uns die Stimme’ (choral du veilleur) BWV 645 n’est sans doute pas accessible à tous les amateurs…
 
Les chants traditionnels sont aussi une ressource pour l’organiste, s’ils ne sont pas repris par la chorale : Vienne la rosée, Aube nouvelle, Venez divin Messie (des variations sur ce dernier chant, composées par François-Xavier Grandjean, sont éditées chez Bayard et peuvent être écoutées sur youtube/synthematophon).
 
 
 
 Chapitre 3 : Noël
 
  1. L’enjeu
 Dans l’antiquité grecque et romaine, on avait coutume de fêter l’anniversaire de la naissance des souverains et des hommes célèbres, parfois à une date symbolique plutôt qu’à la date réelle. Il apparaissait normal, pour les chrétiens, de fêter l’anniversaire de la naissance de leur fondateur.
La fête de Noël (du latin natalis) est la réplique chrétienne du culte du soleil, introduit à Rome au IIIè siècle par Aurélien : le 25 décembre était le ‘Dies natalis Solis invicti’, ‘Jour de naissance du Soleil invaincu’. Elle est attestée à Rome dès 354, et marque le début de l’année, en Occident, jusqu’au XVIè siècle.
 
Noël est donc la fête de la Lumière : « …Quand nous visite l’Astre d’en-haut » (cantique de Zacharie), « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Isaïe). La date correspond - dans notre hémisphère nord – au moment où les jours recommencent à allonger. C’est aussi le sens de la messe de ‘minuit’.
 
Dès le XIIè siècle, les croisades et les pèlerinages en Terre Sainte amènent à découvrir l’existence humaine de Jésus, que relatent les Evangiles, canoniques et apocryphes.
Dieu s’incarne dans la pauvreté, se révèle d’abord aux petits, les bergers. Il suscite ainsi fierté et courage chez les pauvres, les égaux des grands dans l’amour de Dieu. C’est à François d’Assise, le ‘poverello’, que l’on attribue une des premières représentations de la crèche lors de la fête de Noël.
 
Ces deux aspects de Noël, Lumière et pauvreté, sont indissociables : le soin apporté à la beauté de la liturgie ne peut pas faire oublier l’attention aux pauvres et aux petits. Tout le monde doit trouver sa place dans une messe de Noël !
 
Et si l’on s’offre des cadeaux à Noël, c’est parce que Dieu nous a fait le premier Cadeau. Dans notre budget cadeaux, il doit y avoir la part du pauvre !
 
La messe de ‘minuit’ célèbre l’événement sous son aspect narratif (la naissance, dans un contexte historique, et l’annonce aux bergers), tandis que la messe du jour, avec le prologue de l’Evangile de Jean (« Au commencement était la Parole… et la Parole a pris chair ») souligne l’aspect théologique. La messe de l’aurore (la 2è) n’est plus guère célébrée actuellement. Mais les plus âgés se souviennent que la messe de minuit, solennelle, était suivie de deux messes basses (‘Les trois messes basses’ d’Alphonse Daudet !).
 
Dans la plupart des églises, la crèche se trouve à côté ou au pied de l’autel. C’est dire que l’Enfant n’est pas un autre que Celui que nous adorons dans l’hostie. J’ai un jour vu l’Evangéliaire déposé dans le berceau : « Le Verbe (la Parole) s’est fait chair ».
Sur certaines icônes de la Nativité, Jésus est couché sur ce qui peut évoquer un sarcophage, devant ou dans une grotte qui peut être le tombeau de Jérusalem. Un Noël breton dit que « Déjà rédempteur en descendant du ciel, Il a de son berceau fait son premier autel ».
 
 
    2) Les chants  

Le répertoire de chants pour Noël est abondant, mais il est évident que tous ne trouvent pas leur place dans la liturgie.
 
Le caractère naturellement très humain de la fête a suscité la création d’innombrables chants ‘populaires’, en marge de la liturgie, au texte souvent très proche de la vie quotidienne, au point d’en oublier presque l’aspect sacré. Les rythmes peuvent évoquer les danses, qui leur servent de modèles, ou encore les pastorales ou les berceuses.
Ces chants, généralement narratifs et pittoresques, animaient les longues veillées devant ‘la bûche’.
 
Mais plusieurs sont devenus ‘incontournables’, et ce serait frustrer bien des fidèles que de les ignorer totalement. « Les anges dans nos campagnes, Douce nuit, Il est né le divin Enfant, Peuple fidèle» expriment bien le mystère de l’Incarnation, et peuvent légitimement accompagner un moment de la célébration.
Le ‘Message des anges’ peut clôturer la lecture de l’évangile, avec un ou deux couplets, ou être le chant après la parole, le chant d’entrée ou de sortie (mais pas servir de gloria !).
‘Peuple fidèle’, voire ‘Venez mes enfants’, conviendraient pour l’entrée, mais peuvent aussi inviter à entrer dans la partie centrale de la messe (comme le font par exemple ‘L’Hymne des chérubins’ ou le psaume 99) pour adorer l’Enfant qui est aussi le Jésus de l’Hostie. Et, comme les bergers ou les mages, nous lui apportons nos présents.
« Puer natus est », par exemple après la Parole, ou en méditation après la communion, rappellerait que le grégorien fait partie de notre patrimoine musical, et ne doit pas tomber aux oubliettes !
 
 Le critère de choix sera toujours le texte : annoncé par les prophètes, célébré par les anges, Dieu se fait humain parmi les plus pauvres.
 
Le « Minuit, chrétiens » a suscité bien des polémiques ; mais une variante dans le premier couplet a été proposée : ‘…descendit jusqu’à nous Venant fonder l’humanité nouvelle Et nous prouver son amour jusqu’au bout’.
 
 
Les chants de l’ordinaire reflèteront l’esprit de la fête, par exemple :
  • Seigneur Jésus, lumière des nations (Robert) A 32-28, Pour guérir nos cœurs de pierre (Aubry) A 19-64, ou l’une des nombreuses formules litaniques que proposent les CNA.
  • Le gloria pourrait être à refrain, afin de favoriser la participation de l’assemblée : Gloria de Lourdes (Lécot) AL 189, Au plus haut des cieux (Aubry) A 19-65, Gloire à Dieu dans le ciel (Berthier) C 242-1, Gloire à Dieu, sur une basse de Haendel, Gloire à Dieu F 156, AL 179 ; mais ces derniers proposent un texte assez éloigné du texte officiel.
Mais encore : - la ‘messe des anges’ paraît tout indiquée !
                   - sur des paroles de Claude Bernard, Alain Langrée a composé une
                      « Messe pour le temps de Noël sur des Noëls populaires français ».
 
 Et, parmi d’autres chants : La voici, la nuit de Dieu F 256/CNA398, Brillante étoile
F 57/CNA 394, Merveille que les anges CNA 400, Aujourd’hui dans notre monde F 47,
Le Fils de l’homme est né, Noël FLH 146, Un enfant est né F 279, L’Enfant qui vient de naître F 234 (?), Nuit de lumière F 2, Seigneur d’un immense amour F 201 …
 
Surtout, être conscient - que la messe n’est pas un concert de Noël
                                  - que beaucoup de participants ne sont pas des  
                                         pratiquants réguliers, mais doivent pouvoir chanter.
 
    3) L’organiste  

Il ne se privera pas, s’il le peut, de jouer l’un ou l’autre choral (Brillante étoile F 57, Von Himmel hoch… - cf anamnèse de la messe A 180), une hymne (In dulci iubilo FLH 146) une mélodie de Noël ancien ou de chant populaire (A la venue de Noël
F 38-33, A Bethleem Jésus est né F 51-83, Joseph est bien marié, les thèmes de la Messe d’Alain Langrée…) ou l’un des chants cités plus haut.
 
Une improvisation prendrait pour thème une mélodie grégorienne (Puer natus est…)
 
La registration fera la part belle aux jeux de flûtes, de hautbois, aux anches, aux mutations, à tout ce qui peut évoquer les instruments des bergers, les trompettes des anges ; mais aussi les jeux doux (la voix humaine…) pour une berceuse…
Elle s’adaptera aux pièces instrumentales, mais aussi à l’accompagnement des chants : ‘Douce nuit’ n’a pas le même caractère que ‘Il est né le divin Enfant’…
                                    

Chapitre IV : Le temps de Noël
 
  1. L’enjeu
Dans la suite de l’anniversaire de la Nativité, l’Eglise célèbre les événements de l’enfance du Christ, jusqu’à son baptême par Jean.
 
Sainte Famille : le dimanche qui suit Noël est consacré à la famille de Nazareth, une famille ‘ordinaire’, exemple pour les nôtres, où les enfants peuvent grandir ‘en âge et en sagesse’, dans un respect mutuel des parents et des enfants. Jésus y vivra sa ‘vie cachée’ durant trente ans. Une famille qui a aussi ses problèmes et ses souffrances (fuite en Egypte, Jésus au Temple), et les vit dans l’obéissance, même si les parents ne comprennent pas tout.
 
1er janvier : dans l’ancien calendrier, la semaine ‘dans l’octave de Noël’ se clôturait
par la fête de la Circoncision, qui avait lieu chez les Juifs huit jours après la naissance de l’enfant. Il recevait alors son nom ; la fête s’est donc nommée ensuite ‘Saint nom de Jésus’.
Marie, sans qui l’Incarnation n’était pas possible, a dès lors une place privilégiée dans les fêtes du temps de Noël, et le 1er janvier est devenu la fête de ‘Marie, mère de Dieu’.
Jour férié non dimanche, il est l’occasion, dans certaines paroisses, de donner au début de la nouvelle année civile une dimension chrétienne.
 
Epiphanie : au calendrier le 6 janvier, elle est célébrée chez nous le dimanche qui suit le 1er janvier. ‘Manifestation’, appelée aussi ‘théophanie’, elle donne à Noël sa dimension universelle. Les mages, venus ‘d’Orient’, reconnaissent Jésus comme Dieu.
Dans les crèches, ils sont généralement représentés comme étant de trois races différentes. Ils sont guidés par l’étoile : Jésus est la Lumière du monde…mais comme pour les mages, il y a des moments où on ne la voit plus !
 
Baptême de Jésus : le 3è dimanche après Noël (célébré le lendemain, si ce dimanche tombe après le 13 janvier). En se faisant baptiser par Jean, alors qu’il n’a pas à se ‘convertir’, Jésus se rend solidaire des hommes. L’importance de l’événement réside dans la nouvelle manifestation, publique, du Fils de Dieu : Jean-Baptiste le désigne comme l’Agneau de Dieu, et l’Esprit de Dieu descend tandis que se fait entendre la voix disant « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ».
Jésus entame sa vie publique, et cette fête clôture le temps liturgique de Noël.
 
Notons que la fête de la Présentation de Jésus au Temple (Chandeleur, Purification), le 2 février, ne fait pas partie du ‘temps de Noël’.
 
 
    2) Les chants  

Pour les trois premières fêtes, la plupart des chants de Noël conviennent encore. On peut cependant donner à chaque événement sa couleur particulière.
 
Sainte Famille : pour cette année B en particulier, des chants qui parlent de foi, de fidélité à l’alliance.
Le cantique de Syméon est tout désigné comme chant après la Parole.
Parmi les chants de Noël, on peut retenir ‘A pleine voix chantons pour Dieu’, ‘Seigneur, tu fais merveille’ F 169, ‘Tout le ciel s’emplit’ F 58
Des chants à Marie : ‘Comme elle est heureuse’ V 293-1/CNA 618, ‘Toi qui ravis le cœur de Dieu’ VLH 136/CNA 372.  Ou à Joseph ‘Dieu t’a choisi’ W 68-1/CNA 647.
Mais encore : ‘Il est venu marcher’ F 157-4/CNA 557, ‘Au plus haut du ciel’ C221-1, ‘Le Verbe s’est fait chair’ D 155 (31-15)…
 
Epiphanie : ‘Peuple fidèle’ convient particulièrement, de même que ‘Brillante étoile’.
La dimension universelle et la lumière sont mis en évidence dans : ‘Debout resplendis’ F 230, ‘Lève-toi, Jérusalem’ F 39, ‘Qui es-tu, roi d’humilité’ F 231/CNA 403, ‘Heureux le bâtisseur’ ZL 71-2, ‘Tu es la vraie lumière’ D 86 bis/CNA 595, et à redécouvrir, ‘Fille de Sion’.
 
Baptême : ‘Bien-aimé de Dieu’ I 14-66-1/CNA 606, ‘L’Esprit de Dieu repose sur moi’
K 35/CNA 565, ‘Sauvés des mêmes eaux’ I 20-72-1/CNA 584 ; ‘Hommes nouveaux baptisés’ I 14-64-1/CNA 675, ‘Allez par toute la terre’ T 20-76/CNA 533, mettent en évidence la mission de tous les baptisés.
 
Les chants de l’ordinaire gagnent à être communs à tout le temps de Noël pour en marquer l’unité. Ainsi, au 2è dimanche dans l’année, on fera sentir que c’est autre chose qui commence.
 
  1. L’organiste
 
L’ordinaire commun à tout ce temps de Noël sera chanté pour la dernière fois, pour marquer la fin de la période liturgique.
 
Si les propositions faites pour Noël restent valables, elles sont à nuancer pour la fête du baptême.
Les noëls populaires ne sont plus guère en concordance avec l’événement célébré : Jésus n’est plus le petit enfant au berceau, mais un adulte reconnu comme Fils par le Père et investi de l’Esprit, qui va entamer sa mission.
La sortie reprendrait un choral ou une hymne propre au temps de Noël, qui ne se fera donc plus entendre avant l’année prochaine.
 
 
 Chapitre V : Le carême *
 
  1. L’enjeu
 Toute l’année liturgique est centrée sur la fête de Pâques.
 
Il apparaît normal, dès les premiers siècles, de consacrer un temps de préparation à ce moment central de l’année chrétienne.
 
- Pourquoi 40 jours ?
Ils rappellent la retraite de Jésus 40 jours au désert avant d’entamer sa vie publique, mais aussi les 40 ans du peuple de Dieu dans le désert avant d’accéder à la Terre promise. Et une grossesse dure environ 40 semaines.
 
- Trois axes pour la pratique du carême : jeûne (moi), prière (Dieu), partage (les autres), qui se donnent mutuellement du sens.
° choisir de ne pas assouvir tous ses désirs matériels (au sens large) pour se rendre plus disponible à Dieu et aux autres. Se priver pour se priver n’a pas de sens.
° consacrer du temps à la prière, c’est-à-dire à la rencontre avec le Seigneur, à l’écoute de sa parole.
° partager son temps et son argent avec les pauvres, de biens matériels ou d’affection.
 
Pour le dire en peu de mots : se ‘convertir’ (= se retourner, comme on ‘retourne’ la terre) afin d’être plus disponible pour accueillir Jésus dans sa passion et sa résurrection.
 
La liturgie propose des étapes dans notre cheminement.
  • Mercredi des Cendres : « Convertissez-vous et croyez ». C’est cela, la ‘pénitence’.
  • Premier dimanche : à la suite de Jésus au désert, renoncer aux propositions de Satan (satisfactions matérielles, richesses, puissance dominatrice) pour ‘servir Dieu seul’.
  • Deuxième dimanche : la transfiguration nous montre déjà participants du mystère pascal de mort et de résurrection.
  • Troisième dimanche : vivre une pratique vraie, dégagée de tout ce qui nous encombre.
  • Quatrième dimanche : vivre dans la lumière en rejetant les œuvres des ténèbres.
  • Cinquième dimanche : affrontés au mal et à la souffrance, nous nous savons promis à la résurrection.
 
Les catéchumènes vivent particulièrement cette progression vers leur baptême la nuit de Pâques.
 
 
* Cf. Revue ‘Feu Nouveau’
       site : croire.com/carême
 
  1. Les chants
 Les chants du carême sont repris sous la cote G.
 
Les ‘tubes’ ne doivent pas être oubliés : ils permettent tout de suite à l’assemblée d’entrer en célébration, et constituent un signal pour le temps qui commence.
Changez vos cœurs G 162/CNA 415, Avec toi, nous irons au désert G 229/CNA 414, Oui, je me lèverai G 48/CNA 423, Peuple de l’Alliance G 244/CNA 425, Ouvre mes yeux G 79/CNA 424 et 699, Prenons la main T 42-2/CNA 699, Lumière des hommes G 128-2/CNA 422…
 
Mais aussi : Quand je viens vers toi G 41-1/CNA 427, Pour que l’homme soit un fils
G 297-1/CNA 426, Vivons en enfants de lumière G 14-57/CNA 430, Si tu dénoues les liens de servitude G 212/CNA 589…
Certains chants suivent le cheminement des dimanches, mais sont ciblés par rapport aux lectures de l’année : En quel pays de solitude G 184/CNA 416 (année A), Habitant du désert G 27-47/CNA 419 (année C).
Le désert et la transfiguration sont communs aux trois années, et les lectures de l’année A sont celles des messes avec les catéchumènes.
Plusieurs psaumes : 18, 22, 24, 26, 32, 33, 102, 115, 125, 136.
 
Le rite pénitentiel peut prendre plus d’ampleur, d’autant plus qu’il n’y a pas de gloria.
Jésus, ami des hommes CNA 412, Christ, le Fils du Père G 50/CNA 413, Jésus, Verbe de Dieu G 323-1/CNA 696, Lave-nous de nos fautes AL 192/CNA 698, Kyrie grégorien XVII et XVIII CNA 165 et 166, Seigneur, ne nous traite pas G 60/CNA 428.
 
Les psaumes 50, 90, 129 peuvent être communs à tout le carême après la 1è lecture.
 
L’acclamation à l’évangile ne comporte évidemment pas d’alleluia.
Pain de Dieu pour notre marche U 11-21 (années A et C), Parole éternelle du Père
U 13-94/CNA 219 (année B), Gloire au Christ, Parole éternelle.
 
Le sanctus serait choisi de préférence dans une version sobre plutôt qu’éclatante:
grégorien XVIII, Saint le Seigneur ‘séraphique’ de Gélineau CNA 248, Sanctus ‘adoration’ de Gélineau, Berthier C 13-15.
 
Plus encore qu’au temps ordinaire, on veillera à garder les mêmes chants du commun durant tout le carême.
 
 
    3) L’organiste  

Un maître-mot pour cette période de carême : la sobriété.
En fait, une forme de ‘jeûne’, qui pourra
  • laisser la place aux paroles des chants et de l’action liturgique
  • susciter un manque, que la jubilation du temps pascal viendra combler.
 Comment réaliser cela concrètement ?
 
- la registration : principalement appel aux bourdons, en évitant les trompettes et les
                              jeux brillants…
                        des jeux doux, qui induiront l’intériorité
 
- le programme : ne pourrait-on pas, à l’offertoire, ne pas jouer, mais laisser
                         entendre les paroles de la présentation des dons (si du moins le 
                         célébrant les fait vivre par sa diction !) 
 
- le répertoire : les chants spécifiques du carême peuvent être exploités,
et si l’on choisit des pièces de répertoire, on veillera à ce qu’elles    correspondent à l’esprit du temps (ne vous souvenez-vous pas de ce choral « Des profondeurs, je clame ma détresse » ?...)
 
 Cependant, ne pas perdre de vue que le carême n’est pas une période triste :
nous marchons vers Pâques !
 
 Chapitre VI : La Semaine Sainte *
 
  1. L’enjeu
 
La Semaine Sainte s’organise autour du mystère de la mort et de la résurrection, ces deux éléments étant indissociables.
Le Serviteur souffrant, l’Agneau immolé est aussi l’Agneau vainqueur, le Ressuscité.
 
A la fois, nous ‘faisons mémoire’, par le récit des événements, et nous vivons en ressuscités, participant au banquet des noces (jeudi), exprimant notre attente de l’époux par le jeûne et le silence (vendredi et samedi).
 
Le dimanche des Rameaux présente déjà le double aspect de l’acclamation du Christ, à lire dans la lumière de Pâques, mais d’un roi monté sur un ânon, serviteur souffrant, qui triomphera sur une croix.
 
Le Jeudi saint est la fête des invités au banquet du Royaume, et la fête du sacerdoce, celui des prêtres et de tous les baptisés.
Les ornements sont blancs, le gloria est chanté tandis que les cloches carillonnent, et se tairont ensuite jusqu’à la nuit pascale. La table de l’autel est généreusement fleurie, avant d’être dépouillée à la fin de la célébration.
Mais le geste exceptionnel de ce jour, qui est celui de l’évangile, est le lavement des pieds : le geste humble du serviteur doit aussi être le nôtre.
L’institution de l’Eucharistie est le don que le Christ fait de lui-même, comme nous devons le faire en mémoire de lui. Communier, c’est « annoncer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne »(St Paul, dans l’épître du jour).
 
Le Vendredi, la lecture de la passion (toujours en St Jean) fait mémoire des événements qui transforment notre vie aujourd’hui : la résurrection n’est possible que parce qu’il y a la mort.
Les intercessions pour le monde rappellent que le Christ est mort pour l’humanité tout entière.
Nous adorons et vénérons la croix parce qu’elle est croix de souffrance et aussi croix glorieuse. C’est dans ce sens que la croix du crucifié, le ‘crucifix’, devient le signe par excellence des chrétiens.
Par la communion au pain consacré la veille, ‘Pain rompu pour un monde nouveau’, la liturgie marque le lien entre les célébrations du triduum pascal.
 
 
 * P.ROBERT, La semaine sainte, un chemin initiatique ? (lors d’une journée de chant liturgique)
   Revue ‘Feu nouveau’ 44/3 et 50/3
 
  1. Les chants
 Comme pour tous les jours particuliers, il n’en manque pas, sous la cote H notamment.
Il serait bon de trouver un équilibre entre les chants anciens, bien connus des personnes qui ne viennent qu’occasionnellement, et un répertoire plus récent.
 
Le dimanche des Rameaux, la célébration s’ouvre sur une acclamation, qui se retrouve dans le deuxième verset du Sanctus (AL 179, C 178…) et une procession :
Gloire à toi, sauveur des hommes H 27/CNA 442, Voici que s’ouvrent pour le roi
H 96-2/CNA 444, Humble Sauveur (Dumas, pour Tamié, plus difficile en paroisse)
HX 48-62-4. La bénédiction des rameaux tient lieu de rite pénitentiel.
Pour la messe, on peut retenir : Jésus, Messie humilié C 246, Partageons le pain du Seigneur D 29-31/CNA 342, Fais paraître ton jour Y 53/CNA 552 (attention aux couplets qui comportent des alleluia !), Victoire, tu règneras H 32/CNA 468, Au cœur de nos détresses H 128/CNA 462.
Pour entrecouper la lecture de la Passion : C’était nos péchés qu’il portait
NT 8-1/CNA 463, Chant pour la Passion (Ph.Robert) H 14-41
 
Le Jeudi saint se place sous le triple signe de la fête, du service, du ‘passage’.
Le Gloria sera festif et bien connu.
Pour le lavement des pieds : Ubi caritas CNA 448, Pas de plus grand amour
DL 265/CNA 452, Celui qui aime est né de Dieu D 18-13/CNA 537, Parole du Seigneur Jésus (Berthier, missa Pro Europa)
L’heure est venue H 21-28-1/CNA 451, La nuit qu’il fut livré C 3/CNA 449 (le couplet 3 convient pour l’anamnèse), Quand vint le jour D 128-5/CNA 454, Avec le Christ vivons le grand passage H 31-05, Agneau de Dieu, pauvre de Dieu D 543/CNA 311,
Jésus-Christ, Fils de Dieu D 339, En mémoire de toi C 200-2/CNA 328, En accueillant l’amour DLH 126/CNA 325.
 
Le Vendredi saint laisse une grande place au silence.
Les seules parties chantées (et il faut faire un choix !) seraient :
- les interventions entrecoupant la lecture de la Passion selon St Jean, particulièrement pour cette lecture, H 14-41 cité plus haut. Ces interventions rappellent la manière dont étaient construites les ‘Passions’ de J.S.Bach.
- l’invitation à vénérer la Croix ‘Voici le bois de la Croix’, sur trois tons, comme le sera l’alleluia de Pâques.
- un chant accompagnant éventuellement la vénération de la Croix, particulièrement les Impropères CNA 461 ou SYL K 834 (Gouzes), O Croix dressée sur le monde H 30/
CNA 465, O Croix plus noble H 164/CNA 466, Par la Croix qui fit mourir
H 67-1/CNA 467, Nous chantons la Croix du Seigneur (ant.2) D 29-31/CNA 342.
Cette célébration étant unique, il est intéressant que les chants le soient aussi.
- un chant de communion : D 29-31 (ant.1) s’il n’a pas été chanté précédemment.
- une méditation après la communion : Mystère du Calvaire (choral de la Passion)
H 44/CNA 464, Au cœur de nos détresses H 128/CNA 462.
 
 Le chemin de croix : s’il est accompagné de chants, que ce soit avec unité et cohérence, sans changer de chant à toutes les stations. Veiller à ce que le texte du chant corresponde à celui qui est lu : en D 29-31 déjà cité, il faut éventuellement modifier l’ordre des couplets.
On peut utiliser les psaumes, qui étaient la prière même de Jésus, et dont il a pu se souvenir durant sa passion : extraits des psaumes 21, 30, 37,117…
Un chant à Marie aux stations 4 et 13 : Marie de la tendresse V 301, Elle est debout près de la croix (Gouzes), Stabat mater (grégorien).
Station 12 : silence, ou Mystère du calvaire H 44.
 
 
3) L’organiste
 
Avant la réforme liturgique, l’orgue était obligatoirement muet, de même que les cloches, ‘retournées à Rome’ et remplacées par la crécelle, du Gloria du jeudi jusqu’au Gloria de la veillée pascale.
On pourra donc marquer ce contraste par un accompagnement bien sonore du Gloria, et la suite de la messe très sobre.
 
L’orgue peut intervenir actuellement, mais de façon très limitée, se bornant à soutenir le chant (soprano seul ou S et B par exemple). Si l’assemblée le permet, pourquoi ne pas donner seulement le ton ou introduire la mélodie, avant le chant a capella ?
Une sortie à l’orgue semble inopportune le jeudi et bien sûr le vendredi.
 
C’est frustrant pour l’organiste ? Tant mieux ! La joie de Pâques n’en sera que plus marquante.
 
Je m’interroge cependant (cela n’engage que moi) sur l’aide à la prière que peut constituer une méditation à l’orgue, par une improvisation, une pièce de répertoire de la passion ou un thème grégorien. La registration étant toujours minimale.
 
L’important sera de faire sentir le contraste entre ces jours saints et la joie de Pâques.
 
 
 Chapitre VII : Pâques
 
  1. L’enjeu *
L’année liturgique est entièrement centrée sur Pâques : dans le chapitre VI, on a vu le lien nécessaire entre les célébrations de toute la Semaine Sainte, du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques.
La veillée pascale est le sommet de cette année, une célébration dont le caractère unique doit être souligné.
Elle se déroule en quatre étapes, et fait largement appel au registre symbolique : il s’agira surtout de ‘faire’ et de ‘faire voir’, plus que d’accumuler les commentaires (on a tendance à trop parler dans nos célébrations : un rite bien vécu n’a pas besoin d’explication).
 
- L’office de la lumière
Le Christ est LA Lumière, par sa résurrection, il nous fait sortir des ténèbres.
L’office commence dans le noir, ou au moins dans la pénombre, si les circonstances imposent un horaire moins tardif. Le cierge reçoit la marque du temps (l’année, Alpha et Omega), le rappel des plaies du Christ, la flamme qui le représente.
Cette flamme est communiquée à tous les fidèles, qui entrent à l’église en procession, en acclamant le Christ-Lumière. A noter : le cierge pascal, symbole du Christ, est unique ; ceux qui sont destinés à d’autres paroisses seront remis au moment de l’envoi. Ils pourraient alors, dans les paroisses, être mis en place et encensés à la messe du matin.
 
- Liturgie de la Parole
Le lectionnaire propose sept lectures de l’ancien testament, qui retracent l’histoire de l’Alliance entre Dieu et son peuple. On peut n’en prendre que trois (éventuellement deux dans des circonstances particulières), mais toujours l’Exode. La sortie d’Egypte et le passage de la mer Rouge préfigurent le passage du Christ de la mort à la vie. A chacune des lectures, nous répondons par un psaume, chanté de préférence.
A la suite du rappel de l’histoire du peuple de Dieu et de son attente, le chant du Gloria, accompagné de l’orgue, de toutes les cloches, et en pleine lumière, annonce la joie de Pâques. ‘Le monde ancien s’en est allé, un nouveau monde est déjà né’.
L’alleluia retrouve sa place : s’il est chanté trois fois, en montant le ton, il rappelle l’adoration de la croix et la procession du cierge pascal.
 
- Liturgie baptismale
Le symbole de l’eau évoque le baptême, par lequel nous passons de la mort à la vie.
La bénédiction de l’eau baptismale, en plongeant le cierge dans la cuve, symbolise l’action vivifiante du Christ.
Par les litanies, qui peuvent être omises s’il n’y a pas de baptême, nous associons tous les baptisés,  du ciel et de la terre, dans le même acte de foi.
Les fidèles rallument leur cierge, à partir du cierge pascal : c’est le Christ qui nous donne la force de renoncer au mal et de proclamer notre foi.
L’aspersion rappelle notre baptême. Il serait bon de la reprendre pour le rite
pénitentiel durant tout le temps pascal.
 
*Cf. le document de P.Robert cité plus haut, et www.liturgiecatholique.fr.
         - La liturgie eucharistique
Elle est le sommet de la célébration, et se rattache au repas du Jeudi Saint.
Il faut donc veiller à ce que sa mise en œuvre soit particulièrement solennisée, notamment par la procession des offrandes et les chants de la prière eucharistique.
Une bénédiction solennelle est prévue, et la formule d’envoi comporte le double alleluia.
 
 
2) Les chants
 
La veillée peut être introduite par un chant : Brillez déjà, lueurs de Pâques I 166-1/ CNA 475, Voici la nuit P 156-1/ CNA 816, La voici, la nuit de Dieu (couplet 2) F 256/ CNA 398.
Cependant, le chant pourrait aussi ne s’élever qu’avec l’acclamation du cierge pascal : Lumière du Christ, Joyeuse lumière I 17/ CNA 477, Christ est lumière I 110-1
CNA 476, …
Le chant ‘Au cœur de notre foi’ YL 48-06 propose cette acclamation, mais aussi quatre couplets correspondant aux quatre étapes de la célébration. Le 1er couplet se chante à la fin de la procession, avant l’exultet, les autres, au début de chaque partie. Ce chant met ainsi en évidence le sens particulier de chaque moment.
L’annonce de la Pâque (exultet) est chantée par le diacre, un chantre, ou le président de l’assemblée, en latin, ou sous une forme à refrain : Qu’éclate dans le ciel I 111, ou I 14-08.
 
Les psaumes qui répondent aux lectures sont de préférence chantés. On peut varier les mises en œuvre, et les versions. Philippe Robert a composé quelques psaumes sous forme de tropaires, en fonction de la veillée pascale : ‘Ouvre les yeux, veilleur’ (ps 103 après la création), ‘Le Verbe s’est fait chair’ (cant.d’Isaïe après Isaïe 55), ‘Plus sage que la raison’ (ps 18 après Baruch).
 
Le Gloria sera particulièrement festif : sur une basse de Haendel, Berthier C 242-1, Aubry (de la messe de la résurrection) A 19-65… Veiller à ce qu’il soit connu de l’assemblée pour qu’elle puisse y participer.
 
L’alleluia revient pour l’acclamation à l’Evangile. Si le prêtre ou un chantre peut (bien) le faire, le triple alleluia pascal est le bienvenu ; mais aussi l’alleluia grégorien avec les verset de Deiss, l’’irlandais’ C 201, ‘O filii’ I 36, Par la musique (Schütz)…
 
Les litanies des saints (W 12 bis/ CNA 478 par exemple) peuvent être omises s’il n’y a pas de baptême.
Les réponses de la profession de foi baptismale pourraient être ponctuées par les phrases ‘ Je crois que Dieu est Père, Je crois au Fils unique, Jésus ressuscité…’A 180.
L’aspersion s’accompagne de ‘J’ai vu l’eau vive’ I 132-1/ CNA 191 ou I 18-65-11/
CNA 481, Peuple de baptisés K 106/ CNA 573, Hommes nouveaux baptisés I 14-64-1
CNA 675, Une source d’eau vive I 24-01/ CNA 193.
 
La liturgie eucharistique donnera une grande place aux chants (avec beaucoup d’alleluias !) : un sanctus éclatant, une belle anamnèse (p.ex. Aubry, de la messe citée, C 19-72), un Pater connu (pas nécessairement Rimski), un Agneau de Dieu qui exprime le mystère pascal ( Agneau de l’Alliance A 240-1, Agneau de Dieu…tu nous as rendus libres A 179,  Agneau de Pâques D 548, Aubry D 19-74…).
Le choix est vaste pour un chant d’action de grâce : Chrétiens, chantons I 36/
CNA 485, Sans avoir vu I 168/ CNA 494, Quelle fête sur le monde (Mendelssohn), Tu as triomphé de la mort ILH 165/ CNA 594, Vainqueur de nos ténèbres, Christ est vraiment ressuscité I 169/ CNA 487…
 
A la messe du dimanche matin, penser à la séquence ‘Victimae pascali’, en donnant un feuillet avec la traduction, ou en le lisant en français sur fond d’orgue ?
 
  1. L’organiste
 
Après le ‘jeûne’ des jours saints, l’orgue retrouve sa place à partir du Gloria de Pâques.
Pendant l’exultet et les psaumes, il se tait encore, ou se limite à donner le ton, ou à soutenir très discrètement la mélodie. C’est à évaluer en fonction des capacités musicales des chantres et de la chorale.
 
Mais au Gloria, il peut se déchaîner ! Accompagné des cloches (ou les couvrant !), et dans la pleine lumière, il entraîne l’assemblée à chanter de tout son cœur.
Le contraste entre la sobriété du carême, le silence depuis le Jeudi, et l’éclatement de la veillée est une puissante expression symbolique de la Résurrection : ce serait dommage de passer à côté.
 
L’alleluia, introduit avec vigueur, peut aussi être suivi d’un postlude, et ceci durant tout le temps pascal.
 
Les pièces de répertoire, les improvisations ou les chants de Pâques joués à l’orgue trouvent dans ces célébrations une place de choix.
C’est l’occasion aussi de faire participer d’autres instruments, en gardant toujours bien à l’esprit qu’il ne s’agit pas de donner un concert, mais de ‘faire sentir’ par la beauté de la musique la joie des ressuscités.
 
Ne pas oublier : - de s’informer à propos d’éventuels encensements
                       - d’introduire la formule d’envoi avec le double alleluia.
 
 Chapitre VIII : Le temps pascal
 
1) L’enjeu
 
Avant Vatican II, on désignait les dimanches ‘avant’ Pâques (septuagésime, sexagésime, quinquagésime, quadragésime = 1er dimanche de carême) et les dimanches ‘dans l’octave de’ (‘quasimodo’ ou ‘in albis’) ou ‘après’ Pâques.
La réforme liturgique a considéré que les dimanches qui suivent la fête de Pâques, jusqu’à la Pentecôte, sont encore la célébration de la Résurrection du Christ, jusqu’au don de l’Esprit, qui inaugure le temps de l’Eglise. On les désigne donc comme 1er, 2è…7è dimanches ‘de’ Pâques.
 
En se référant aux premiers versets des Actes de Apôtres, l’Eglise a fixé la fête de l’Ascension quarante jours après Pâques. Le chiffre est symbolique dans la Bible, et les évangélistes qui parlent de l’événement (pas Mathieu) le situent soit le jour même de la résurrection, soit quelque temps après, sans précision.
L’important, c’est le fait : Jésus s’en va, pour « nous préparer une place », en nous envoyant « baptiser toutes les nations », et en nous promettant l’Esprit Saint.
Il faut donc qu’il s’en aille, pour nous laisser inaugurer le temps de l’Eglise, avec l’aide de l’Esprit. Les Apôtres sont maintenant en attente…
 
La Pentecôte, « le cinquantième jour après Pâques »(Ac 2, 1) est liée à la fête juive qui commémore le don de la Loi, code de l’Alliance. Comme au Sinaï, ce don de l’Esprit, dans la nouvelle Alliance, se fait dans le vent, le tonnerre et le feu. Il s’agit bien d’un ouragan, qui bouscule tout…et particulièrement les Apôtres qui se mettent dès ce moment à annoncer sans peur la Bonne Nouvelle.
Et chacun, quelle que soit sa culture, peut les entendre dans sa langue : tout un symbole !
 
 2.Les chants 
Après toutes les célébrations de la semaine sainte et de Pâques, il n’est pourtant pas temps de se reposer !
Il est étrange de voir que, dans bien des paroisses, on consacre plus d’énergie à la préparation du carême qu’à celle du temps pascal.
C’est pourtant maintenant, durant ces dimanches ‘de’ Pâques, que se vit l’essentiel de notre foi : Christ est ressuscité, et c’est bien cela qui donne un sens à notre vie !
 
Ici encore, le répertoire est vaste, notamment sous la référence ‘I’.
On ne se prive pas de chanter ‘alleluia’ sur tous les tons et à toute occasion.
Outre les ‘classiques’ : Chrétiens, chantons I 36/ CNA 485, Christ est vraiment ressuscité I 169/ CNA 487, Sans avoir vu I 168/ CNA 494, on peut citer : Jour du Vivant CNA 561, Tu as triomphé de la mort ILH 165/ CNA 594, Tu es la vraie lumière D 86bis/ CNA 595, Christ est Seigneur, alleluia I 41-13, Nous te chantons, Ressuscité I 262-1, Dieu règne I 47/ CNA 490, Le Christ est vivant I 214/ CNA 493…
 
Les chants de l’ordinaire seront communs à tout le temps pascal, pour en marquer l’unité. On les choisira particulièrement joyeux et festifs.
Le rite de l’aspersion est à privilégier, avec J’ai vu l’eau vive I 18-65-11/ CNA 481 ou I 132-1/ CNA 191, Peuple de baptisés K 106/ CNA 573, Approchez-vous I 14-65-1/ CNA 671.
Deux psaumes sont communs au temps pascal : 65 et 117.
L’acclamation à l’Evangile peut reprendre l’alleluia pascal, O filii I 36, Par la musique (Schütz), l’’irlandais’, ‘Louange et gloire à toi’ (Aubry) U 19-67/ CNA 215-1, Alleluia, Christ est vraiment ressuscité (Berthier)…
Pour la fraction : Agneau de l’Alliance fidèle A 240-1, Agneau de Dieu, Agneau vainqueur A 221-1, Agneau de Dieu qui portes…(Aubry) D 19-74
 
Les chants spécifiques pour l’ascension sont sous la cote ‘J’ : Seigneur, tu es ma joie J 33, Le Seigneur monte au ciel J 35.
Mais aussi : Christ est vraiment ressuscité (couplets 4-5-6) I 169, Christ est monté aux cieux D 24-72-1, Le Seigneur est monté aux cieux I 13…
 
A la Pentecôte, on puisera dans le répertoire ‘K’, et on n’oubliera pas la séquence ‘Veni Sancte Spiritus’, Viens Esprit de sainteté K 231, Esprit Saint, viens en nous
KL 24-65.
Pour évoquer le temps de l’Eglise : Peuple du Dieu vivant K 42-70, Pour accomplir les œuvres du Père K 234, Eglise du Seigneur K 128.
 
C’est souvent durant le temps pascal que se célèbrent les professions de foi et les premières communions. Le répertoire des chants sera donc particulier. Il faudra peut-être rappeler qu’il existe de bons chants pour les enfants, plus réceptifs qu’on ne croit à la poésie et à la belle musique ! Les chants adoptés habituellement en paroisse, notamment pour l’ordinaire, devraient être connus des enfants qui les retrouveront ( ?...) les dimanches suivants. Dans l’assemblée, ces jours-là, il y aura aussi des non (ou peu) pratiquants : comment leur donner envie de s’associer au chant ?
 
  1. L’organiste
 
Puisque le temps pascal comporte les dimanches DE Pâques, l’organiste exprimera par son jeu, ses choix, sa registration autant de joie qu’au jour même de Pâques.
 
L’Ascension et la Pentecôte sont l’occasion de mises en œuvre particulières par le choix du répertoire et l’improvisation. La ‘montée’ de l’ascension, la ‘descente’ de l’Esprit, l’ ‘ouragan’ de la Pentecôte peuvent donner des idées…
 
En vue des célébrations de communion, l’organiste n’oubliera pas de prendre contact avec les catéchistes, tant pour le répertoire des chants – ce serait dommage de ne les recevoir que la veille !- que pour le déroulement de la cérémonie.
 
De jeunes (ou moins jeunes) instrumentistes pourraient se joindre à l’orgue… à condition que ce soit pour favoriser la prière ! Une flûte à l’offertoire ou à la communion, un jeu de guitare en douceur pour accompagner la lecture du psaume…
 
 
 Chapitre IX : Le temps ordinaire  *
 
  1. L’enjeu
 
Après la Pentecôte viennent les dimanches ‘ordinaires’ ou ‘dans l’année’.
Avant Vatican II, ils étaient désignés comme ‘dimanches APRES la Pentecôte’ , un peu comme on désigne une personne ‘le fils de…’ ou ‘l’épouse de…’, plutôt que ‘Untel’ ou ‘Unetelle’.
Mais ce temps ‘ordinaire’ est bien plutôt ce temps qui est le nôtre, jour après jour, dans la plus grande partie de notre vie en dehors des jours de fête que nous célébrons à toutes occasions. C’est dans notre vie quotidienne, ‘ordinaire’, que le Seigneur nous accompagne par son Esprit, que nous avons à vivre l’Evangile et à en témoigner.
Par son Incarnation, Jésus a vécu comme nous une vie ‘ordinaire’, et l’a sanctifiée.
 
La liturgie propose 34 dimanches (parfois 33, en en supprimant un entre les deux périodes) de temps ordinaire, en deux périodes : entre le Baptême du Christ et le mercredi des Cendres, et entre la Pentecôte et le premier dimanche de l’Avent ; cette période est aussi appelée ‘temps de l’Eglise’.
Durant le temps ‘ordinaire’, le dimanche célèbre toujours la Résurrection.
Quelques fêtes ou ‘solennités du Seigneur’ ont une place particulière: la Trinité, le dimanche après la Pentecôte, le Corps et le Sang du Christ, le dimanche suivant, le Sacré-Cœur, le vendredi de cette semaine, et le Christ, roi de l’univers, le dernier dimanche.
Le 15 août se célèbre la ‘solennité’ de l’Assomption de Marie.
 
Tout au long de ces dimanches, nous parcourons les textes bibliques (ancien testament, épîtres, évangiles) selon un cycle de trois ans.
 
Les ornements sont verts, couleur de la croissance et de l’espérance.
 
Parallèlement à ce cycle ‘temporal’ se superpose le cycle ‘sanctoral’, où ce célèbrent les fêtes des saints de l’église universelle ou des églises locales.
Certaines ‘solennités’ des saints peuvent primer sur le dimanche (e.a.SS.Pierre et Paul, le 29 juin et, bien sûr, la Toussaint).
 
 *   cf.        lyon.catholique.fr
     cfc-liturgie.fr
     croire.com
 
Prier avec "la vie ordinaire"
Nous autres, gens des rues
Il y a des gens que Dieu prend et met à part. Il y en a d’autres qu’il laisse dans la masse, qu’il ne retire pas du monde. Ce sont des gens qui font un travail ordinaire, qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires. Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires. Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires. Ce sont des gens de la vie ordinaire. Les gens que l’on rencontre dans n’importe quelle rue. Ils aiment la porte qui s’ouvre sur la rue, comme leurs frères invisibles au monde aiment la porte qui s’est refermée sur eux. Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis, est pour nous le lieu de notre sainteté. Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l’aurait déjà donné.
Madeleine Delbrêl?Extrait tiré de "L’Evangile au coin de la rue"
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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